Gabon : Homme fort du nouveau gouvernement, Edgard Anicet Mboumbou Miyakou, seul ministre d’Etat, récupère l’Intérieur et la Justice

Edgard Anicet Mboumbou Miyakou est le nouveau ministre de la Justice et de l'Intérieur au Gabon © DR

Le ministre de la Justice sortant, numéro deux du gouvernement dans l’ordre protocolaire, élargi son portefeuille à l’Intérieur. L’objectif est de rendre plus efficace la chaîne police-justice. 

Un seul ministre d’Etat versus onze précédemment (un par province, plus deux revenant à l’opposition intégrée au gouvernement). C’est l’une des marques de fabrique du nouveau gouvernement resserré (29 membres, premier ministre compris) nommé hier au Gabon.

Si le titre est revenu à Edgard Anicet Mboumbou Miyakou, c’est en raison des fonctions qui lui reviennent. L’Intérieur et la Justice sont en effet, avec la Défense, les principales missions régaliennes d’un Etat. En outre, étant le seul membre du gouvernement originaire de la province de la Nyanga, sans doute a-t-il bénéficié d’un effet de compensation qui s’est traduit par un rang protocolaire avantageux.

Le choix d’Edgard Anicet Mboumbou Miyakou, 53 ans, pour occuper un tel portefeuille a été largement consensuel. A son précédent poste, l’ex-ministre de la Justice, réputé pour sa grande courtoisie et son caractère posé, tout comme ses costumes souvent mal ajustés, a fait l’unanimité, entretenant un climat serein avec les magistrats, une profession où les mouvements d’humeur sont pourtant fréquents. En outre, son efficacité a été remarquée lorsqu’il s’est agi d’actionner la justice dans le récent scandale du Kevazingogate.

Pourquoi le choix de réunir à la fois l’Intérieur et la Justice au sein d’un même ministère ? « Cela relève d’une logique institutionnelle », répond un haut-magistrat. « Il s’agit de faire en sorte que les enquêtes aboutissent plus rapidement. Pour cela, il est nécessaire de renforcer la coopération entre le Parquet et les Officiers de police judiciaire (OPJ). C’est donc une logique d’efficacité et de célérité dans la chaîne police-justice qui a été privilégiée », explique ce juge expérimenté qui, au passage, fait remarquer qu’il ne s’agit pas d’un précédent. « Ce système existe ailleurs et a largement démontré son efficacité. C’est le cas notamment en Norvège », renseigne notre magistrat.

Rouage essentiel pour mener le combat contre la corruption

Le toujours ministre de la Justice ne sera pas à l’Intérieur en terra incognita. Son père fut en effet durant très longtemps titulaire du portefeuille sous Omar Bongo Ondimba.

Edgard Anicet Mboumbou Miyakou sera très utile à Ali Bongo au moment où celui-ci souhaite intensifier la lutte contre la corruption, comme le montre la création d’un ministère de la promotion de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et de l’évaluation des politiques publiques, dévolu à Francis Nkea Ndzigue, ou encore la nomination remarquée du grand défenseur de l’environnement, Lee White, au poste de ministre des Forêts, en réaction sans doute au scandale politico-financier du Kevazingogate.