Gabon-France : Pourquoi la venue du secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères à Libreville ce jeudi marque un véritable tournant

Le secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne attendu à Libreville ce jeudi 9 janvier © DR

Alors que les relations entre le Gabon et la France sont au beau-fixe, le Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de France, Jean-Baptiste Lemoyne, se rendra à Libreville jeudi 9 janvier. Il présidera la cérémonie de la pose de la première pierre de la nouvelle ambassade de France à Libreville et échangera avec les autorités gabonaises.

C’est l’ambassade de France au Gabon qui l’a annoncé ce weekend. Le lancement officiel des travaux de construction du nouveau bâtiment qui abritera la future ambassade de France à Libreville aura lieu le 9 janvier prochain. La cérémonie de pose de la première pierre de l’édifice sera présidée par le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes et étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, en présence du ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze, et du ministre des Transports, de l’Équipement, des Infrastructures et de l’Habitat, Léon Bonda Balonzi.

Si la France a pris la décision de construire ce nouveau bâtiment, a expliqué l’ambassadeur de France au Gabon, Philippe Autié, c’est parce que « l’actuel, situé dans le quartier Rénovation, construit dans les années 1960, n’est plus adapté aux besoins d’une relation franco-gabonaise qui n’a fait que de se densifier depuis plus de cinquante ans ». « De même », a-t-il complété, « il ne répond plus aux normes d’accueil et de sécurité actuelles ».

Véritable tournant

De fait, la venue de M. Lemoyne à Libreville ce jeudi, qui intervient quelques semaines seulement après l’aboutissement du dialogue politique intensifié entre Libreville et l’UE qui a permis de purger les différends entre les deux partenaires, est la première d’un membre du gouvernement français depuis la réélection en 2016 du président Ali Bongo Ondimba.

Cette visite donc marque un véritable tournant dans les relations récentes entre la France et le Gabon. Exécrables sous le mandat de François Hollande (2012-2017), celles-ci se sont nettement réchauffées depuis l’élection en 2017 d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République.

Le jeune président français, qui entend nouer une relation décomplexée avec l’Afrique, dépouillé de ses oripeaux coloniaux, s’est entretenu depuis lors à de multiples reprises avec Ali Bongo Ondimba, physiquement lors de ses déplacements internationaux (à Paris, en Mauritanie, en Inde…), mais également en 2019, à plusieurs reprises toujours, par téléphone, notamment en janvier dernier.

« on est avec lui, vous lui dites » (Emmanuel Macron au sujet d’Ali Bongo)

M. Macron n’a jamais manqué une occasion d’afficher publiquement son soutien au numéro un gabonais. En mars 2019, alors que le président Ali Bongo était en convalescence suite à un AVC survenu quelques mois plus tôt, Emmanuel Macron, en déplacement à Nairobi au Kenya, avait lâché au ministre Franck Nguema venu le saluer : « on est avec lui, vous lui dites » (lire notre article).

« Les deux présidents s’apprécient. Ils partagent plusieurs centres d’intérêt en commun, dont le football et l’Histoire. Leurs relations interpersonnelles sont très bonnes », avait indiqué en 2018 un haut-diplomate français. « Ce sont deux personnalités pragmatiques », avaient alors confié, de son côté déclaré, une source gabonaise.

Par ailleurs, la France a besoin du soutien du Gabon sur deux sujets qu’elle considère comme prioritaires : la lutte contre le dérèglement climatique dans laquelle Libreville est leader en Afrique et la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière. Le Gabon compte l’une des armées les plus professionnelles sur le continent africain. Un atout majeur aux yeux de Paris.