La confédération syndicale avait appelé ce mardi ses militants à une marche de protestation contre les mesures « d’austérité » prises en juin dernier par le gouvernement, mais aussi contre la décision de la Cour constitutionnelle du 14 novembre dernier autorisant la convocation d’un conseil des ministres en l’absence temporaire du président. Mais celle-ci a rapidement tourné court. La faute à l’intervention de la police, selon Dynamique Unitaire. D’autres cependant pointent du doigt la très faible mobilisation pour expliquer ce nouveau fiasco.
Selon le Secrétaire général de la confédération syndicale Dynamique Unitaire (DU), Louis Patrick Momboe, le ministre de l’Intérieur, Lambert Noël Matha, aurait fait quadriller par les forces de l’ordre le rond-point de la démocratie à Libreville d’où devait partir la marche, empêchant ainsi les manifestants d’y organiser le rassemblement prévu avant le départ vers la primature, point de chute de la manifestation.
« Une fois de plus, une fois de trop et ce, pour la troisième fois consécutive, M. Lambert Noël Matha, ministre de l’intérieur a empêché la marche des travailleurs visant à obtenir l’annulation des mesures d’austérité et le respect de l’article 13 de la constitution de République gabonaise modifiée illégalement par la cour constitutionnelle », a vitupéré Louis Patrick Mombo, ajoutant qu’il en a été de même à Oyem et à Tchibanga.
Une version fermement contestée par les représentants des forces de l’ordre, ainsi que plusieurs observateurs présents sur place, qui y voient une « excuse facile ».
Comme l’a constaté un de nos journalistes, les militants de Dynamique Unitaire ne se sont guère mobilisés aujourd’hui, à l’instar de la semaine dernière. Les trois jours de grèves décrétés alors par la confédération avaient en effet été très peu suivis.
« Il est facile de rejeter la responsabilité sur les forces de l’ordre. La vérité, c’est que les militants de Dynamique Unitaire étaient très peu nombreux. Ils ont subi un échec et ils cherchent à travers les forces de l’ordre un bouc émissaire », dénonce un responsable de la police.
Le principal perdant ce soir est sans doute Jean Ping
Pour DU, le coup est rude. La confédération syndicale n’est jamais parvenue cette année à mobiliser ses troupes. La faute, selon certains, au mélange des genres pratiqué par ses dirigeants entre syndicalisme et politique. Le président de la confédération, Jean-Rémy Yama, est en effet très proche de l’opposition.
Mais le principal perdant ce soir est sans doute Jean Ping. Dans un tweet diffusé dimanche, l’opposant avait en effet appelé ses militants à se joindre à ceux de DU. Espérant tiré profit des ennuis de santé du président Ali Bongo, il avait appelé la veille les Gabonais à descendre dans la rue pour renverser le pouvoir en place. Pour réussir son pari, il avait impérativement besoin du relais des syndicats. Mais le sort aujourd’hui ne lui aura pas été favorable.
