[Gabon] Discours emprunté de la maire d’Iboundji : le vrai et le faux

La nouvelle maire d'Iboundji, Georgette Mavetsa (capture écran) @ DR

Depuis quelques jours, une vidéo devenue virale circule sur les réseaux sociaux. Elle montre la nouvelle maire de la commune rurale d’Iboundji dans la province de l’Ogooué-Lolo (sud-est du pays), Georgette Mavetsa, lire avec difficulté son discours à l’occasion de sa prise officielle de fonctions. La Libreville fait le départ entre le vrai et le faux au sujet de cette histoire qui secoue la « gabonsphère ».

Empruntée. C’est ainsi que l’on peut qualifier l’élocution de la nouvelle mairesse d’Iboundji au moment où elle a prononcé son discours. La vidéo, qui montre l’édile en grande difficulté lors de cet exercice, fait le buzz sur les réseaux sociaux.

Après son installation officielle par le gouverneur de province Marie-Françoise Dikoumba, Georgette Mavetsa a pris la parole pour s’adresser à ses administrés. Ce fut pour elle, il faut le reconnaître, un long moment de solitude. L’assistance, abasourdie et gênée, s’est murée dans un silence de plomb.

Si l’édile a pu finalement venir à bout de son discours, c’est grâce à l’aide d’un de ses proches qui, en lui soufflant à voix basse les phrases de son discours, a permis de changer ce long chemin de Croix en chemin de Damas.

Une fois mise en ligne, la vidéo de la prestation de la maire d’Iboundji est rapidement devenue virale. Et les critiques ont fusé. « Elle ne sait ni lire ni écrire », « elle a le niveau d’une élève de CP », pouvait-on lire sur les réseaux sociaux.

La vidéo a fait naître une autre critique : celle portant sur les critères retenus par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) pour délivrer les investitures aux élections.

Hiéroglyphes

Reste que si le discours prononcé par la mairesse d’Iboundji a été aussi emprunté, ça n’est pas, contrairement à la rumeur qui circule sur les réseaux sociaux, en raison de son niveau de lecture. « La mairesse a dicté son discours a haute voix à la personne qui était censée le restituer par écrit. Mais plutôt que de le taper sur ordinateur, comme convenu pour plus de lisibilité, celle-ci l’a simplement manuscrit. Lorsque la mairesse s’en est rendu compte, il était trop tard. L’écriture était, il est vrai, indéchiffrable. Par moment, on aurait dit des hiéroglyphes ! », s’exclame l’élu.

« Nous avons tous été confrontés à ce genre de situation », fait quant à lui remarquer Daniel Franck Idiata, un professeur d’université, qui compte parmi les amis de Georgette Mavetsa. Et celui-ci de rappeler la polémique en France visant Stéphane Séjourné, le directeur de campagne pour les élections européennes de LREM, le parti d’Emmanuel Macron. Celui-ci a en effet été incapable de lire correctement la liste des candidats apparaissant sur la liste. Il a dû se faire aider tout au long de sa prise de parole pour venir à bout de l’exercice (voir cette vidéo). Le cas de la maire d’Ibondji est donc loin d’être isolé.

« Je peux en attester, Georgette une personne de grande qualité intellectuelle », affirme l’universitaire, ajoutant : « elle a toutes les compétences pour faire un bon maire. » Surtout M. Idiata rappelle un principe simple : « c’est au pied du mur qu’on juge le maçon. Ça n’est donc pas à travers un discours qu’on peut juger de la qualité d’un maire. C’est à travers le bilan de son action pour ses administrés. L’heure des comptes viendra, mais aujourd’hui, convenez que c’est prématuré », conclut l’universitaire.