Après avoir déclaré lundi qu’une plainte pour diffamation avait été déposée contre lui par Noureddin Bongo Valentin, l’avocat avait reconnu hier mercredi avoir menti.
Les robes noires sont en colère. « On en a marre d’être stigmatisés, pointés du doigt pour quelques uns qui franchissent la ligne rouge », peste un avocat, la quarantaine, officiant à Libreville. Ces derniers jours la colère gronde dans le milieu des avocats gabonais qui s’estiment « injustement pris à partie dans les médias ».
En cause, les déclarations de certains de leurs confrères, courant janvier et février, sur de prétendus actes de torture commis à la prison centrale de Libreville sur certains détenus dans le cadre de l’opération anti-corruption Scorpion et qui ne sont étayées par aucune preuve matérielle, ni aucun témoignage, si ce n’est celui des intéressés eux-mêmes et de leurs conseils.
Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a sans doute été apportée ce lundi par un ténor gabonais du Barreau, Me Jean Paul Moumbembé. L’avocat en est convaincu. Une plainte a été déposée contre lui pour dénonciation calomnieuse pour dénonciation calomnieuse dans le cadre de l’action introduite en janvier par quatre activistes contre le coordinateur général des affaires présidentielles, comme il l’explique aux médias tout en se défendant. « Même si je m’étais constitué dans ce dossier, Noureddin Bongo ne peut pas me poursuivre pour dénonciation calomnieuse. J’aurais été dans l’exercice de mes fonctions d’avocat », déclare alors avec à-propos la robe noire (lire à ce sujet l’article de notre confrère Gabon Review).
Mais 48 heures après seulement, rétropédalage total. L’intéressé revient complètement sur ses déclarations. « Après vérification faite ce mercredi 26 février 2020, auprès du Parquet de la République près le tribunal de Libreville, il m’a été confirmé que monsieur Noureddin Bongo Valentin n’a déposé contre moi aucune plainte, notamment pour dénonciation calomnieuse », reconnait bon gré mal gré l’avocat reconnaissant ainsi avoir menti deux jours plus tôt.
Dans la profession, l’attitude de Me Moumbembé est jugée avec sévérité. « Lancer de telles accusations sans preuve, c’est au minimum faire preuve d’une légèreté coupable. A l’évidence, les règles de déontologie de la profession n’ont pas été respectées », concède un autre ténor du Barreau qui tente malgré tout de lui trouver des circonstances atténuantes.
Un autre de ses confrères, inscrit au Barreau de Port-Gentil, se montre, lui, moins conciliant. « Ce genre d’attitude jette le discrédit sur toute une profession. Ne rien faire serait cautionner. Le bâtonnier doit intervenir et sanctionner. Il doit certes défendre la profession mais pas au mépris de la violation de certaines règles déontologiques. Sans quoi, le jour où quelque chose de vraiment grave surviendra, plus personne ne viendra voler à notre secours », confie cet avocat qui avoue être préoccupé. Un état d’esprit assez largement partagé aujourd’hui dans la profession.