Gabon : Départ de Nkoghe Bekalé, choix d’Ossouka Raponda, critères de nomination des ministres, priorités du nouveau gouvernement… Jessye Ella Ekogha en dit plus

Le porte-parole de la Présidence gabonaise, Jessye Ella Ekogha, lors de son point presse lundi 20 juillet 2020 © DR

Le porte-parole de la Présidence de la République a tenu hier, lundi 20 juillet , un point de presse largement consacré à l’actualité politique dominée par la nomination, jeudi dernier, d’un nouveau premier ministre et, le lendemain, de son gouvernement. L’occasion pour lui d’expliquer les raisons qui ont présidé à ces choix et de préciser quelles seront les priorités de la nouvelle équipe gouvernementale. Verbatim

Pourquoi avoir remplacé Julien Nkoghe Bekalé à la tête du gouvernement ?

« Le président l’a dit, Julien Nkoghe Bekalé, qui est juriste de formation, a été un Premier ministre « loyal et efficace ». Mais dans cette nouvelle phase, marquée par des enjeux économiques forts et la nécessité d’une nouvelle impulsion, il est apparu nécessaire au chef de l’Etat de faire appel à d’autres compétences. A l’évidence, Mme Rose Christiane Ossouka Raponda est de « right woman at the right place». Son profil correspond parfaitement à la mission à remplir compte tenu de l’urgence du moment. »

Pourquoi le président Ali Bongo Ondimba a fait le choix de nommer Rose Ossouka Raponda ?

« D’abord, il faut considérer la situation. L’urgence à l’heure actuelle est de redresser l’économie qui a été profondément touchée par la crise de la Covid-19. C’est en regard de cette mission, de cette priorité que le chef de l’Etat a choisi le premier ministre et non l’inverse. D’abord, la mission, ensuite la personne.

En raison de ses compétences et de son expérience, Madame Rose Christiane Ossouka Raponda cochait (…) toutes les cases. C’est une économiste formée dans les meilleures universités, notamment celle de la Sorbonne à Paris et qui a été durant sa carrière directeur général de l’Economie et directeur général adjoint de la Banque de l’Habitat.   

C’est aussi une personne très expérimentée, notamment en matière de gestion des comptes publics, qui est à la fois un grand commis de l’Etat et une élue de terrain. Elle a été ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique. Elle a ensuite été à la tête de la plus grande collectivité du pays, la capitale, Libreville, qui, je vous le rappelle, concentre 70 % de la population du Gabon et qui est doté d’un budget très important. Elle a d’ailleurs laissé dans les caisses de la ville à son départ en 2019 un très important excédent, de l’ordre de 27 milliards de FCFA. En tant que ministre de la Défense, elle a également eu à gérer un budget très important (…). »

Quels ont été les critères de sélection des ministres au sein du nouveau gouvernement ?

« Le renforcement du pôle économique et la volonté d’avoir une équipe immédiatement opérationnelle sont véritablement les deux clés de voûte de ce nouveau gouvernement. Si l’on a pas ça en tête, on passe à côté de l’essentiel.

Le pôle économique au sein du gouvernement est renforcé. Pour permettre au ministre de l’Economie, M. Jean Marie Ogandaga, de se concentrer sur ses missions prioritaires dictées par la conjoncture, d’une part, le ministère précédent a été scindé en deux avec d’un côté les finances, qui seront prises en charge par un autre ministre, celui des Comptes publics et du Budget, M. Sosthème Ossoungou Ndibangoye. D’autre part, le ministre de l’Economie est épaulé par un ministre délégué, Mme Nicole Janine Lydie Roboty, épouse Mbou, une économiste très expérimentée et très appréciée notamment par les partenaires internationaux du Gabon.

L’autre grande caractéristique de ce gouvernement, qui est le fruit d’une volonté commune entre le président et le premier ministre, est la volonté d’avoir une équipe immédiatement opérationnelle. Il n’y aura pas de période de rodage car la crise est là et il faut agir immédiatement, sans attendre. D’où ces profils à la fois très compétents et très expérimentés. D’où le choix également de maintenir à leur poste les ministres qui ont fait la démonstration de leur efficacité ces derniers mois. »

Quelles seront les priorités de la nouvelle équipe gouvernementale ?

« L’archi-priorité, c’est la relance de l’économie, qui a été profondément touchée par la crise de la Covid-19, car il en va du maintien et de la création d’emplois, mais aussi des moyens donnés à l’Etat pour assurer ses missions de solidarité vis-à-vis de tous les Gabonais, en particulier ceux qui sont le plus en difficulté. 

(…) Cela implique de maintenir les emplois, d’en créer de nouveau par la relance de l’activité. De créer des richesses collectivement pour pouvoir mieux les redistribuer, d’assurer la solidarité en matière de santé, d’assurance-maladie, de la prise en charge de nos retraités, des chômeurs, des étudiants. Etc.

Pour être encore plus solidaire, il faut être prospère. Par conséquent, pour garantir sa mission sociale, l’Etat doit relancer la machine économique, un temps enrayée par la crise de la Covid-19. Mais également continuer à réformer notre modèle économique pour le rendre plus créateur de valeur ajoutée localement, plus créateur d’emplois, moins dépendant de l’extérieur, ce qui doit se traduire par la baisse en particulier des importations, mais aussi pour rendre notre modèle économique toujours plus respectueux de l’environnement, domaine dans lequel le Gabon est classé dans le top 3 des pays africains.

Au final, c’est l’intérêt des Gabonais qui doit primer à travers l’amélioration de leurs conditions de vie au quotidien en dépit d’un contexte difficile. »