Gabon : Défait dans la course à la présidence de l’UN, Paul-Marie Gondjout pourrait-il être candidat à la présidentielle de 2023 ?

Paul-Marie Gondjout pourrait bien figurer sur la liste des candidats à la présidentielle de 2023 © DR

Beau-fils du patriarche Zacharie Myboto, Paul-Marie Gondjout s’est incliné à une voix près contre Paulette Missambo dans la course à la présidence lors du Congrès de ce parti d’opposition samedi. Une défaite que lui et ses proches ont du mal à digérer mais qui pourrait ne pas l’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle de 2023. Explication.

« Je souhaite à mon adversaire bon vent et beaucoup de courage dans la gestion de notre parti », a déclaré Paul-Marie Gondjout quelques minutes quelques minutes seulement après sa défaite à l’issue du vote du Congrès de l’UN samedi 13 novembre (lire l’article de RFI).

« Adversaire » (et non « concurrent »), ce terme belliqueux sert habituellement à désigner quelqu’un appartenant au camp politique d’en face et non à son propre camp. Paul-Marie Gondjout aurait-il voulu exprimer son animosité à l’égard de Paulette Missambo qu’il ne s’y serait pris autrement. En psychanalyse, on appelle cela un acte manqué.

Election étriquée ou truquée ?

Il faut dire qu’en dépit des belles paroles et des sourires de circonstances ce samedi, le camp de Paul-Marie Gondjout a du mal, quelques jours plus tard, à digérer la défaite. Certains estiment même que l’élection, étriquée (une voix de différence sur 654 suffrages exprimés), a été purement et simplement « truquée ».

« Ils ont été plus habiles, plus manœuvriers que nous. Une seule voix d’écart, ça apparait peu crédible. Nous aurions dû demander le recomptage des voix. Je ne sais pas pourquoi ça n’a pas été fait », vitupère un des lieutenants de Paul-Marie Gondjout. Un sentiment largement répandu chez ses partisans.

A telle enseigne qu’aujourd’hui, certains d’entre eux songent à quitter le parti et proposent de créer une autre formation. « La campagne interne a laissé des traces. Elle a démontré que nous n’avons rien à faire avec certains », dénonce un haut-responsable du parti proche de Zacharie Myboto et qui a fait campagne pour Paul-Marie Gondjout. Et celui-ci de citer Jean Ntoutoume Ayi, soutien de Paulette Missambo, qui, selon lui, « transpire la suffisance et donne des leçons à tout le monde alors qu’il n’est même pas capable d’accéder au second tour d’une élection législative ». 

Paul-Marie Gondjout, candidat à la présidentielle quoi qu’il arrive ?

L’Union nationale parviendra-t-elle à recoller les morceaux entre ses différents clans ? Rien n’est moins sûr. A moins qu’un modus vivendi soit trouvé entre les deux clans.

Du côté de Paul-Marie Gondjout, on avance déjà une proposition. « Paulette Missambo a laissé entendre qu’elle ne sera pas candidate pour la présidentielle et, en même temps, elle s’est engagée à ce qu’il y ait un candidat issu de nos rangs, sinon c’est la mort du parti. Pour moi, le seul candidat possible, c’est Paul-Marie », souffle un de ses partisans qui voit dans cette proposition une « compensation légitime » par rapport au vote de samedi.

Et que ce passera-t-il si la nouvelle direction décline la proposition ? « Alors il doit y aller tout seul », répond l’homme sans ambages, assumant ainsi une forme de chantage politique.

On savait que Paulette Missambo avait remporté samedi une victoire étriquée (et controversée). Peut-être a-t-elle également remporté une victoire en trompe-l’œil.