Si l’opposition et les organisations de la « société civile » qui leur sont proches, qui font de la vérité et de la probité leurs chevaux de bataille, se gardent bien d’accabler Guy Nzouba-Ndama, pris la main de la sac de billets à la frontière de Kabala à son retour du Congo-Brazzaville, tel n’est pas le cas de leurs équivalents au Congo-Brazzaville. Ceux-ci demandent des comptes au donateur putatif, le président Denis Sassou Nguesso, comme au bénéficiaire, Guy Nzouba-Ndama.
Interrogé par RFI sur le fait de savoir ce qu’il ressentait « en voyant l’opposant gabonais Guy Nzouba Ndama quitter le territoire congolais avec l’équivalent de 2 millions d’euros en petites coupures », voici ce qu’a déclaré Joe Washington Ebina, l’un des leaders de la société civile au Congo-Brazzaville :
« J’ai pensé à une population qui souffrait. J’ai pensé une réalité congolaise qui est désastreuse. C’est incroyable de concevoir que les autorités congolaises au quotidien, nous parlent d’une crise financière. Ils nous disent entreprendre des accords avec la Banque mondiale et autres, chercher des fonds. Il n’y a même pas d’ambulance dans les villages. Il n’y a même pas de centre de dialyse qui coûte à peine 150 à 200 millions. Et on voit un individu qui sort comme ça, sans explication. Pour nous, c’est un scandale, sinon c’est une indifférence à la misère des Congolais. »
Et d’ajouter : « C’est un scandale pour nous et nous demandons une explication judiciaire à ce sujet. Je crois que les Congolais qui sont d’abord les premiers concernés doivent savoir d’où vient cet argent. Au niveau du Gabon, ils ont leur travail à faire, mais cela ne nous importe ou très peu parce que la vérité doit venir de l’origine de l’argent. D’où vient cet argent ? Si ce sont du Trésor public congolais, nous devons savoir qui. »
Ecouter l’interview de Joe Washington Ebina sur le site de RFI en cliquant ici.
De son côté, l’opposition congolaise ne dit pas autre chose. Dans une déclaration faite mardi, la Fédération de l’opposition congolaise, une dizaine de partis regroupés derrière Clément Mierassa, a déclaré qu’ « alors que des millions de Congolais croupissent dans la misère, que l’eau et l’électricité manquent, que les produits de première nécessité augmentent dangereusement, le régime de M. Sassou Nguesso préfére consacrer l’argent des Congolais au financement de personnalités politiques au Gabon. C’est tout simplement scandaleux ». « Nous demandons des comptes au donateur et au bénéficiaire », indique-t-elle en conclusion.
