[Gabon] Bras de fer entre Michel Menga M’Essone et Alexandre Barro Chambrier : Le RPM (ex-RHM) entre dans une période d’incertitude juridique

Michel Menga M'Essone, le ministre de l'Habitat (à gauche), se considère toujours comme le secrétaire général du RHM (rebaptisé RPM) @ DR

Dans une déclaration solennelle faite samedi 13 avril à Libreville, l’opposant modéré, devenu ministre en mai dernier, Michel Menga M’Essone, par ailleurs membre fondateur du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), a indiqué que son parti, rebaptisé en Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) lors d’un congrès extraordinaire convoqué unilatéralement les 5, 6 et 7 avril dernier par le président de cette formation politique, Alexandre Barro Chambrier, ne pouvait changer de nom sans son avis, lui qui en est toujours selon lui le secrétaire général.

« Le RHM est un parti légalement constitué, le RHM ne doit pas mourir », a déclaré M. Menga M’Essonne, indiquant par ailleurs que le congrès organisé sans lui l’a été sans base juridique, au mépris des statuts du parti.

« Nous n’acceptons pas que l’on parle à la place du droit. Nous n’acceptons pas que pour des raisons d’ambitions personnelles, l’on viole les statuts du parti », a déclaré M. Menga. A l’en croire, le congrès a été organisé en violation de ces statuts qui stipulent qu’« en matière d’organisation de congrès, il faut qu’il y ait au préalable des congrès provinciaux». Or, soutient-il, cela n’a pas eu lieu. « Héritage et modernité c’est un patrimoine commun. Ce n’est pas une propriété d’un individu », a-t-il rappelé.

Conséquence : les décisions prises à cette occasion sont nulles et de nul effet, a martelé celui qui est devenu ministre de l’Habitat en mai dernier. En outre, a-t-il ajouté, « nous considérons que nos frères qui sont allés au RPM sont désormais considérés comme exclus du RHM ».

Au passage, Michel Menga a rappelé, toujours en se référant aux statuts et règlements du parti, qu’un membre fondateur ne pouvait pas en être exclu. « C’est un abus de droit. Barro Chambrier n’a pas le droit de prononcer une telle fatwa », assure un de ses proches.

Le président du RHM devenu RPM, Alexandre Barro Chambrier avait déclaré mi-2018 l’exclusion de Michel Menga M’Esonne pour trahison. Une décision contestée découlant de l’entrée au gouvernement d’ouverture de l’intéressé en mai 2018.

Sûr de son bon droit, Michel Menga M’Essone a annoncé qu’il allait, aux côtés d’autres membres du parti, engager la « bataille juridique à partir de la semaine prochaine ». « Le Gabon est un pays organisé et non une République bananière », a indiqué Michel Menga, assurant qu’il fera « parler les lois ».

Très remonté et combattif, l’actuel ministre de l’Habitat a conclu son propos sur une maxime de chez lui. « Chez nous en fang, on dit quand tu secoues un buisson, il faut supporter ce qui doit tomber. Ce n’est pas moi qui ai secoué. Mais que ceux qui ont secoué, supportent ce qui va tomber parce que ça va tomber », a-t-il averti.

Au moment où Alexandre Barro Chambrier tente de se mettre sur orbite dans la perspective de l’élection présidentielle de 2023, le RPM/RHM entre dans une période de forte incertitude juridique.