Gabon : Assélé, Myboto, Ping… ces politiques qui refusent de passer la main

Même âgé et fatigué, Jean Ping refuse de céder la présidence de la CNR © DR

Pourtant âgés, parfois même fatigués, certains responsables politiques refusent de transmettre le témoin à la nouvelle génération, retardant d’autant le renouvellement de la classe politique, que beaucoup appellent de leurs vœux. 

Cette semaine, le fondateur du Cercle des libérateurs réformateurs (CLR), Jean-Boniface Assélé, 81 ans, n’a pas apprécié, c’est peu dire, les prétentions de sa fille, Nicole Assélé, nommée déléguée générale du parti en septembre 2019.

Dans une note datée du 22 février, intitulée « Mise à mal de l’unité et l’intégrité du parti », le général de police en retraite a ordonné l’annulation de certaines décisions prise dans son dos, à l’instar des nominations des responsables de la coordination provinciale de l’Estuaire, des coordinations communales de Libreville et des délégations d’arrondissement dans la capitale, pour lesquels Jean-Boniface Assélé jure ne pas avoir été consulté. « Je ne tolérerai aucun dérapage susceptible de nuire à l’unité et à l’intégrité de mon parti », a vitupéré le fondateur du parti créé en 1992 et dont il se considère comme le « le propriétaire ».

Jean-Boniface Asselé est cependant loin de constituer une exception. « Il incarne au contraire une sorte de norme », explique un responsable. En effet, ils sont nombreux, les responsables de parti, à ne pas vouloir passer le main, transmettre le témoin à la nouvelle génération.

C’est le cas également de Zacharie Myboto, 82 ans,  le président de l’Union nationale (UN), l’un des principaux partis de l’opposition. Chaque année, celui-ci semble déployer des trésors d’ingéniosité pour repousser l’échéance de son départ. Une situation qui n’est pas sans conséquence sur sa formation. Les relations sont à couteux tirés entre ses successeurs putatifs, en particulier sa fille Chantal et l’ambitieux Jean Gaspard Ntoutoume Ayi. Dans la coulisse, tous deux se livrent une guerre fratricide au détriment du parti qui a complètement raté les dernières élections d’octobre 2018, ne parvenant à faire élire que deux députés sur 143.

Mais l’archétype du politique qui s’accroche à son fauteuil est probablement Jean Ping. L’ex-candidat unique de l’opposition lors de la présidentielle de 2016 refuse de céder son poste de président de la Coalition pour la nouvelle République (CNR). Pourtant, ces dernières années, son étoile a beaucoup pâli. Privé de tout soutien extérieur, Jean Ping est affaibli sur la scène politique intérieur. Considéré comme dépassé par la jeune garde (notamment le collectif Appel à Agir), il est de plus en plus ouvertement critiqué par les vieux barons de l’opposition, à l’instar de Guy Nzouba-Ndama, le président des Démocrates, premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale avec dix députés, avec lequel les relations sont à couteaux tirés.

Jean Ping, qui aura 81 ans en 2023 lors de la prochaine présidentielle, est-il aujourd’hui le mieux placé pour affronter lors de la prochaine présidentielle le candidat de la majorité ? De plus en plus nombreux sont ceux à en douter dans son camp. A telle enseigne que son propre fils, Franck Ping, s’est mis, il y a quelques mois sur les rangs pour briguer sa succession (lire notre article). Mais pour l’heure, son père ne semble pas s’être résolu à lui transmettre le témoin. Franck, à l’instar de Nicole et de Chantal, devra donc patienter et ronger son frein en attendant.