Gabon : Après avoir défendu bec et ongle Léandre Nzué il y a une semaine, le groupe RPM de l’opposant Barro Chambrier au sein du conseil municipal de Libreville s’en désolidarise

Le président du Rassemblement pour la modernité, Alexandre Barro Chambrier © DR

Cette volte-face de la part du groupe Rassemblement pour la modernité au conseil municipal de Libreville, alors que le maire de la capitale a été écroué pour corruption et détournement de fonds publics, est perçue comme de l’opportunisme et est très sévèrement commentée. 

Cela s’appelle retourner sa veste. Ou encore faire la girouette. Autrement dit, aller dans le même sens que le vent.

Après avoir soutenu à la faveur d’une déclaration publique le 10 septembre dernier Léandre Nzué, à l’instar de l’ensemble des groupes politiques au sein du conseil municipal de Libreville, majorité et opposition confondues, le groupe RPM vient de se désolidariser de celui qui, depuis, a été inculpé et écroué pour corruption et détournements de fonds publics.

A Libreville, ce brusque changement de pied, même s’il n’étonne guère, est très sévèrement jugé. « Ces politiciens n’ont pas de colonne vertébral. Ils sont près à épouser une cause un jour et une autre, totalement inverse, le lendemain s’il en va de leurs intérêts », peste Marc, un enseignant vivant dans le 4ème arrondissement de la capitale, la circonscription du président du RPM, Alexandre Barro Chambrier.

« Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois »

« C’est l’opposition girouette », vitupère quant à elle Marie, une joviale commerçante rencontrée sur le marché de Nkembo dans le 2ème arrondissement de la capitale. « Ça me fait penser à la Bible : avant que le coq chante, tu me renieras trois fois », ajoute-t-elle.

Un point de vue largement partagé au sein de la population librevilloise et qui n’est pas pour redorer le blason de l’opposition au sein de la capitale. « Il est certain que pareil changement de position à quelques jours d’intervalle au gré des événements ne joue pas en faveur de l’opposition qui est largement perçue comme versatile et guidée par ses intérêts propres et non par l’intérêt général », explique un professeur en science politique de l’UOB.

« Beaucoup se demandent où est la constance dans tout cela », conclut-il dans un soupir teinté de lassitude.