Gabon : Après avoir colporté des rumeurs mensongères sur la mort d’Ali Bongo, le Washington Post récidive

Le quotidien américain The Washington Post a largement perdu de sa superbe depuis plus d'une vingtaine d'années © DR

Après que l’une de ses journalistes a colporté des rumeurs mensongères en octobre 2018 sur la prétendue mort du président gabonais, le journal américain The Washington Post vient de publier un article sur la vidéo de vœux du chef de l’Etat diffusée le 31 décembre 2018 qui, à l’en croire, serait à l’origine du coup d’Etat du 7 janvier 2019. Abracadabrantesque.

C’est un article surprenant, pour ne pas dire lunaire, qu’a publié la journaliste Sarah Cahlan ce mercredi 13 février sur le site du journal américain The Washington Post. Celui-ci porte sur la vidéo de vœux du chef de l’Etat gabonais diffusée le 31 décembre… 2018.

Après s’être interrogée sur le fait de savoir s’il ne s’agissait pas d’un deep fake, puis avoir conclu après vérification qu’il s’agissait bien d’une vidéo authentique, la journaliste indique que cette vidéo, en raison de son caractère peu convaincant, soutient-elle, aurait nourri des doutes qui auraient été à l’origine de ce qu’elle qualifie de coup d’Etat du 7 janvier 2019 (en réalité, la prise d’assaut au petit matin de la radio télévision par un commando d’une petite dizaine de militaires, rapidement neutralisé après avoir à peine eu le temps de lire un communiqué).

Au Gabon, dans les milieux journalistiques, l’article, pour ceux qui l’ont lu, prête à sourire. « On peut s’interroger sur la pertinence d’un tel article. Le sujet est complètement daté », commente un journaliste du quotidien institutionnel L’Union. De fait, celui-ci est publié au moment où le président Ali Bongo, victime d’un AVC survenu le 24 octobre 2018 à Ryad en Arabie Saoudite, a désormais totalement recouvré la santé. Le numéro un gabonais, très actif et omniprésent, a repris totalement en main les commandes du pays comme le montre le lancement en novembre de l’opération anti-corruption Scorpion ou son retour en décembre en grande pompe sur la scène diplomatique à l’occasion d’un sommet de la CEEAC qualifié d’ « historique ».

Mais si l’article du Washington Post fait aussi sourire au Gabon, c’est parce que la réputation de ce qui fut par le passé un très grand journal y a été largement ternie. Depuis ce jour du 25 octobre 2018 où l’une de ses journalistes, Siobhan O’Grady, a écrit sur son compte Twitter« Hearing rumors that Ali Bongo Ondimba died this morning » (« J’entends des rumeurs selon lesquelles Ali Bongo est mort ce matin »). Or, près d’un an et demie plus tard, le président gabonais est bien vivant et en pleine forme même !

Autrefois reconnu comme une référence en matière de journalisme, une véritable institution, le Washington Post, qui fut à l’origine de la révélation du Watergate, a depuis largement perdu de sa superbe, autrement dit de sa crédibilité. Le quotidien a peu à peu suivi la pente glissante menant du journalisme au militantisme. Une tendance exacerbée depuis l’élection de Donald Trump, sa bête noire à la Présidence des Etats-Unis. Ces dernières années, le Washington Post a publié des dizaines de milliers d’articles à charge contre le président américain, n’hésitant pas au besoin à relayer (un peu comme sur le Gabon) des fake news, dont certaines particulièrement grossières. Sans aucun résultat manifestement. A dix mois de l’élection présidentielle américaine, Jamais Donald Trump n’a été en position aussi favorable pour être réélu. Ce qui en dit long sur la perte d’influence du Washington Post.