Gabon : Ali Bongo Ondimba visite « l’exposition du siècle »

Le président Ali Bongo Ondimba visitant l'exposition sur la grotte d'Iroungou mardi 13 septembre 2022 au Musée national à Libreville © Facebook/Présidence Gabon

Féru de culture et d’histoire, le chef de l’Etat gabonais s’est rendu, en compagnie de plusieurs ministres et artistes, mardi 13 septembre au Musée national à Libreville où s’est ouvert l’exposition « De l’ombre à la lumière » qui permet de découvrir les trésors de la fameuse grotte d’Iroungou et d’en faire la visite virtuelle.

L’événement est inédit.

Pour la première fois au Gabon se tient une exposition archéologique. Son objet : la grotte sépulcrale d’Iroungou. 

C’est fin 2018 que Richard Oslisly, un géo-archéologue français, entame les recherches dans cette cavité située quelque part dans la Ngounié (sud du Gabon).

En son sein, près de 30 squelettes, plus de 500 objets métalliques majoritairement en fer – couteaux, haches, pointes de sagaies, bracelets, colliers – et 39 dents percées de panthères et de hyènes ont été retrouvés, dispersés sur trois niveaux et datant du 14ème siècle.

« C’est une découverte unique en Afrique, car les restes humains y sont quasi inexistants », s’émerveillait alors Richard Oslisly, à la tête de cette expédition financée par l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et la direction Environnement et Développement durable du groupe singapourien Olam, très présent au Gabon pour ses palmiers à huile.

Des datations au carbone 14 sur une dizaine de fémurs ont permis de fixer l’âge de ces restes humains au 14e siècle. Une découverte d’une grande valeur car ici, les traces du passé sont rares aussi parce que la recherche archéologique a été tardive et demeure largement sous-financée.

Les premières sources écrites au Gabon datent de l’arrivée des Européens, qui débarquent sur les côtes à la fin du 15e siècle. Mais il faut attendre le 19e siècle pour que les explorateurs s’enfoncent dans ses terres recouvertes en quasi-totalité par une forêt aussi majestueuse que menaçante.

Quant aux sources orales – l’histoire des clans, des familles transmise de génération en génération dans les villages -, « elles ne permettent de remonter qu’à un ou deux siècles », fait remarquer Louis Perrois, un anthropologue français qui a retranscrit les traditions orales d’une bonne partie du pays à la fin des années 1960.

Dans les villages autour d’Iroungou, les chercheurs ont bien interrogé les Anciens. En vain, personne ne connaissait l’existence de cette grotte et les villageois n’ont aucune idée de qui pouvaient être ces hommes et ces femmes.

Reste qu’Iroungou a révélé un héritage quasi unique : hormis une accumulation d’ossements humains mise au jour dans les années 1960 à Benin City, dans le sud du Nigeria, c’est la seule grotte sépulcrale découverte à ce jour dans cette région du monde. A cette différence près, comme l’explique un archéologue, qu’ « à Benin City, les ADN n’ont pas été conservés, alors qu’à Iroungou les ossements sont en très bon état ». 

Une différence de taille qui devrait permettre à Iroungou d’en connaitre davantage sur l’Histoire de tout une région, l’Afrique centrale, sinon d’un continent et qui fait de cette exposition peut-être l’exposition du siècle sur le continent.