Gabon : Alexandre Barro Chambrier critique les dix ans au pouvoir d’Ali Bongo Ondimba sans formuler aucune contre-proposition

L'opposant Alexandre Barro Chambrier lors de sa conférence de presse ce jeudi 24 octobre 2019 © Facebook/ABC

Ce jeudi après-midi à l’occasion d’une conférence de presse, le leader du parti d’opposition Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM, ex-RHM) a lu un long texte très critique sur la décennie au pouvoir du président gabonais. Une longue diatribe dans laquelle il n’a formulé aucune contre-proposition pour améliorer la situation au Gabon. 

« La critique est aisée. L’art est difficile », dit le proverbe. Celui-ci sied comme un gant à l’exercice auquel s’est livré cet après-midi Alexandre Barro Chambrier.

Dans une longue tirade, qui confine parfois à la logorrhée, ânonnée à l’occasion d’une conférence de presse, puis publiée sur sa page Facebook, l’opposant n’a pas eu de mots assez durs pour critiquer le bilan du chef de l’Etat gabonais, dont on vient de célébrer le dixième anniversaire au pouvoir.

Tout y est passée. De l’économie au social, en passant par la justice ou la politique. Barro Chambrier a enfilé les critiques comme des perles dans un chapelet. Un exercice dont il est coutumier.

En revanche, des contre-propositions pour améliorer la situation qu’il a dépeint comme catastrophique, il n’y a point eu. Ce que n’a pas manqué de relever le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir).

« Opposition y’a qu’a, faut qu’on »

« Comme a son habitude, Barro Chambrier regarde la paille dans l’œil du président, mais ne voit pas la poutre dans le sien », raille un responsable du parti majoritaire qui fustige ce qu’il appelle « l’opposition y’a qu’a, faut qu’on»

Un point de vue qui n’étonne guère ce professeur en science politique de l’UOB qui considère l’intervention de Barro Chambrier comme « archétypique de l’opposition gabonaise ».

« Le problème de l’opposition gabonaise, c’est qu’elle ne fait que s’opposer de manière pavlovienne sur des sujets très éloignées du quotidien des populations. Or, ce qu’attendent les gens, ce sont des contre-propositions pour répondre à leurs préoccupations », explique l’universitaire. « S’opposer pour s’opposer n’a jamais contribué à forger une alternative crédible », rappelle-t-il, avant d’avertir : « à ce compte-là, l’opposition n’est pas prête d’accéder un jour au pouvoir»

Divisée, affaiblie, l’opposition gabonaise, qui était parvenu à s’unir lors de la présidentielle de 2016, traverse actuellement une passe difficile. Son seul ciment reste la critique du pouvoir. Ses principaux leaders se livrent une querelle de leadership en vue de l’élection présidentielle de 2023. C’est le cas d’Alexandre Barro Chambrier qui part toutefois avec un handicap. Cet ex-baron du PDG a été battu à plate couture lors des élections législatives d’octobre 2018 dans son fief du 4ème arrondissement de Libreville.