Gabon : Alexandre Barro Chambrier appelle au rassemblement de l’opposition sans Jean Ping

Le président du RHM, Alexandre Barro Chambrier © DR

Le président du Rassemblement Héritage et Modernité a donné une conférence de presse ce matin. Très offensif, il a renouvelé sa proposition de mise en place d’un collège mixte gouvernement-opposition en vue de s’enquérir à Rabat de l’état de santé d’Ali Bongo. Mais au-delà du fond, l’objectif principal d’Alexandre Barro Chambrier est d’ordre tactique : se positionner en rassembleur de l’opposition et ravir à Jean Ping son leadership. 

C’est une conférence de 35 minutes environ qu’a donné le président du RHM ce vendredi 21 décembre à 11h00.

Très offensif, l’opposant à dresser un portrait du Gabon proche d’un pandemonium. Economie à l’arrêt, pays bloqué par les grèves, corruption généralisée, institutions rouillées, etc., celui-ci n’a pas hésité à noircir le tableau quitte parfois à tomber dans l’excès.

Selon Barro Chambrier, ces malheurs ont une cause commune : l’absence d’Ali Bongo Ondimba, hospitalisé à Riyad le 24 octobre dernier et désormais en convalescence à Rabat. Pour y remédier, l’opposant propose la mise en place d’un collège mixte gouvernement-opposition chargé de s’enquérir sur place de l’état de santé du président de la République. Une proposition déjà formulée il y a plusieurs semaines, sans succès, par d’autres figures de l’opposition.

Mais pour Alexandre Barro Chambrier, le fond aujourd’hui était accessoire. L’opposant sait que sa proposition n’a aucune chance d’aboutir. En réalité, son objectif est autre comme l’explique un professeur en science politique de l’Université Omar Bongo (UOB).

« Alexandre Barro Chambrier aujourd’hui s’est positionné en futur leader de l’opposition. D’ailleurs, le timing de son intervention n’est pas anodin. Il a attendu que Jean Ping déroule sa stratégie en espérant que celle-ci échoue. Ce qui a été le cas car l’appel au rassemblement du leader de la CNR n’a pas rencontré l’écho escompté, de même que les appels à la mobilisation qu’il a multiplié ces dernières semaines. Son meeting du 15 décembre a, lui, été marqué par une faible mobilisation et, derrière, les syndicats sur lesquels il comptait s’appuyer, à l’instar de Dynamique Unitaire, ne sont pas parvenus à mettre leurs militants dans la rue », explique cet universitaire. « Le président du RHM a patiemment attendu. Aujourd’hui, il sort du bois car il sait que son rival est en position de faiblesse », ajoute-t-il.

Barro Chambrier n’a à aucun moment cité le nom de Jean Ping

C’est en effet dans la posture du rassembleur de l’opposition qu’Alexandre Barro Chambrier s’est présenté à cette conférence de presse. La plupart des principaux leaders de l’opposition, absents lors de l’ « appel au rassemblement » de Jean Ping le 4 novembre dernier, étaient cette fois-ci tous présents : de Guy Nzouba Ndama à Zacharie Myboto, en passant par Casimir Oye Mba, Nicolas Nguema, etc.

Alors qu’Alexandre Barro Chambrier a cité à plusieurs reprises le nom de ces figures de l’opposition en appelant explicitement au rassemblement de son camp, celui de Jean Ping n’a, à aucun moment, été mentionné dans son propos liminaire. Il aura fallu attendre la fin de la conférence et une question d’un journaliste pour que le président du RHM cite, de manière improvisée, le nom du leader de la CNR, rappelant son statut de candidat commun de l’opposition lors du scrutin de 2016. Une manière à peine subliminale de le caricaturer en homme du passé.

Ce vendredi 15 décembre, c’est moins à une charge contre Ali Bongo et son régime qu’Alexandre Barro Chambrier s’est livré, qu’un coup de grâce qu’il a tenté d’asséner à son rival affaibli, Jean Ping. La course au leadership de l’opposition dans la perspective de la prochaine élection présidentielle est incontestablement lancée et le président du RHM vient probablement d’en remporter la première manche : la Coalition pour la Nouvelle République de Jean Ping qui devait tenir une conférence de presse aujourd’hui également y a finalement renoncé, de peur probablement d’être occultée par celle d’Alexandre Barro Chambrier.