Gabon : À Mouila, Alexandre Barro Chambrier éclipse Pierre-Claver Maganga Moussavou

Alexandre Barro Chambrier dimanche 14 mai 2023 à Mouila dans la Ngounié © Facebook/ABC

En meeting dimanche 14 mai dernier à Mouila, le président du Rassemblement pour la Patrie (RPM) a largement surpassé en termes de mobilisation l’ancien vice-président de la République. Un fait que les partisans d’ABC ne sont pas privés depuis de souligner sur les réseaux sociaux. Et pour cause, c’est un élément important dans la course au leadership de l’opposition en vue de la présidentielle.

« A Mouila, on est chez nous ! » Cette formule, tirée d’une page Facebook gérée par des fans d’Alexandre Barro Chambrier en dit long sur l’état d’esprit qui prévaut au sein du RPM après le passage de son président à Mouila, fief de l’ancien vice-président de la République (2017-2019) Pierre-Claver Maganga Moussavou.

« Maganga-Moussavou 0 – Barro Chambrier 10. Victoire écrasante à l’extérieur », a écrit, avec exaltation, Marc, un partisan affiché d’ABC dans un commentaire à un des posts de ce meeting publié sur la page officielle du président du RPM.

L’intéressé lui-même n’a pas manqué d’exploiter directement cet élément sur les réseaux sociaux. « La mobilisation s’amplifie à l’approche des élections générales prochaines », a-t-il écrit ce mardi 16 mai sur sa page Facebook, en référence au meeting de Mouila dimanche 14 mai dernier, photos et clip vidéo à l’appui.

Enjeu de la mobilisation partisane

Il y a quelques semaines, Pierre-Claver Maganga Moussavou, qui s’est déclaré candidat à la présidentielle pour le compte de l’opposition, avait tenu un meeting dans le chef-lieu de la Ngounié, son fief politique, devant des rangs passablement clairsemés. Il faut dire que ses changements incessants de pied politique – un coup travaillant avec la majorité, un coup s’acoquinant avec l’opposition radicale – a fini d’achever de décontenancer ses partisans.

« En politique, ce qui paye, c’est la constance. L’exact inverse de ce que fait Maganga Moussavou qui varie politiquement au gré de ses intérêts personnels et des nominations qu’on lui octroie ou qu’on lui refuse », constate une figure de l’opposition qui le connait bien.

Si les partisans d’ABC insistent autant sur l’affluence, nettement supérieure à celle enregistrée il y a quelques semaines pour celui de Maganga Moussavou, lors de ce meeting à Mouila, c’est parce que le président du RPM s’est lancé depuis quelques mois dans une course effrénée pour le leadership de l’opposition à la présidentielle.

Course au leadership de l’opposition

« Il sait qu’il ne pourra pas être, comme il l’a un temps espéré, le candidat unique de son camp car celui-ci est trop fracturé. A tout le moins, il va essayer d’en être le candidat principal. Mais pour cela, il faut montrer qu’il parvient à supplanter ses rivaux : aujourd’hui, Maganga Moussavou ; demain Paulette Missambo, mais aussi Bertrand Zibi, Paul-Marie Gondjout ou encore Séraphin Akure-Davain, etc. Il espère aussi que Jean Ping le désigne comme son successeur », explique un professeur en science politique de l’UOB. « C’est pour cela que, contrairement aux autres candidats, (Barro Chambrier) ne s’est pas encore officiellement déclaré candidat à la présidentielle. » 

Dans la course pour le leadership de l’opposition, ce weekend à Mouila, le président du RPM a remporté une victoire. Mais il en faudra d’autres pour espérer pouvoir gagner la guerre. Pour lui comme pour ses « adversaires de l’intérieur » comme il les appelle, la route est encore longue.