Quotidien respecté, connu pour la qualité de ses investigations, Le Mauricien indique dans un article publié ce jeudi 25 mai (reproduit ci-dessous in extenso) que 7 milliards de francs CFA ont été saisis sur sept comptes offshore basés à l’Ile Maurice provenant vraisemblablement de « délits de corruption, détournement de fonds et de blanchiment » dont le bénéficiaire in fine serait l’ancien directeur de cabinet de la Présidence du Gabon, Brice Laccruche Alihanga. Et encore ne s’agit-il que d’un début. L’enquête, débutée en mars 2022, suit son cours. Elle pourrait mettre à jour un montant au final bien plus important. Déjà sombre, l’avenir judiciaire de l’ex-tout puissant « dir cab » parait de plus en plus compromis.
« L’Independent Commission Against Corruption (ICAC) a obtenu hier des Attachment Orders de l’ordre de Rs 500 millions reparties sur sept comptes Offshore et soupçonnées d’être le butin de délits de corruption, détournement de fonds et de blanchiment impliquant (l’ancien directeur de cabinet de la Présidence) de la République du Gabon. Cette enquête de la commission anti-corruption avait débuté en mars 2022 avec des hommes d’affaires de nationalité gabonaise étant des « Ultimate Beneficial Owners » de cinq compagnies implantées dans l’offshore mauricien et aussi dans sept comptes en banque. Il s’agit de Gervais-Martial Koulayo-Houlpaye et Raphael Nze Minko.
À travers des articles de presse et suite aux échanges informels à travers un réseau de renseignements entre les autorités mauriciennes et gabonaises, l’ICAC a confirmé que le Gabon a lancé deux mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de deux proches de Brice Laccruche Alihanga, l’ex-directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba dans le cadre d’une opération, dite Scorpion, soit Raphaël Nzé Minko, vice-président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), et Gervais Martial Koulayo Houlpaye, co-fondateur de Easytech Gabon.
Ces deux personnalités sont en fuite hors du Gabon. L’application de l’ICAC en Cour suprême porte sur les comptes de ces deux individus et a réussi à geler la somme de 5 881 773.2 euros et 4 991 884.81 dollars américains respectivement, pour une somme totale de Rs 501,223,532, placée à AfrAsia.
Les enquêteurs de l’ICAC ont procédé à une perquisition au sein de la Management Company gérant les sept compagnies offshore où les documents relatifs ont été saisis. Plusieurs auditions sont d’ailleurs prévues afin de déterminer si la Management Company a respecté toutes les procédures de Due Diligence.
Coopération étroite entre les autorités mauriciennes et gabonaises
Entre temps, l’ICAC maintient une communication étroite avec les autorités gabonaises afin de faire la lumière sur ce scandale d’État qui a secoué le plus haut sommet de la présidence gabonaise. Après l’arrestation de Brice Laccruche Alihanga, en fin 2019, ces deux autres personnalités politiques ont également été visées.
Cette vaste opération anti-corruption a été lancée au Gabon début novembre 2019, conduisant notamment à l’interpellation et au placement sous mandat de dépôt pas moins 20 ex-hauts responsables publics dont d’anciens ministres, d’ex-hauts-fonctionnaires ou de dirigeants d’entreprise publique ou d’agences de l’État.
Le président Ali Bongo Ondimba avait à la lumière de ces enquêtes réitéré sa fermeté contre la corruption et de l’enrichissement illicite. « Ceux qui s’adonneront à des pratiques répréhensibles seront tous sanctionnés sans exception, avec une extrême sévérité », avait-il déclaré alors.
L’ex-bras droit du président gabonais Ali Bongo Ondimba a déjà été condamné en octobre 2021 par le tribunal de Libreville à cinq ans de prison ferme dans le cadre d’une affaire de faux en écriture.
Le franco-gabonais était devenu le véritable homme fort du pouvoir après l’accident vasculaire cérébral du président Bongo en octobre 2018, qui avait laissé le chef de l’État très affaibli et absent de longs mois du pays.
En novembre 2019, peu après le « comeback » du président Bongo, Brice Laccruche Alihanga avait d’abord été écarté de la présidence, avant d’être la cible de l’opération anti-corruption baptisée Scorpion.
Ayant mis la main sur ces fonds, l’ICAC s’intéressera désormais aux gestionnaires concernés à Maurice dans les jours à venir. »
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