Fonction publique au Gabon : suppression des effectifs, écrêtement des plus hauts salaires, nouveau recensement… Madeleine Berre s’explique

La ministre de la Fonction publique, Madeleine Berre @ DR

Le ministre de la Fonction publique, Madeleine Berre, s’est expliqué ce jeudi sur la réduction des gros salaires, le limogeage de certains agents de la main d’œuvre non permanente (MONP) et le recensement biométrique des fonctionnaires décidés en conseil des ministres le 29 mars dernier.

Si certains ministres tardent – faute de courage ? – à défendre les mesures prises lors du dernier conseil des ministre, le 29 mars dernier (on songe notamment à la modification du mode d’attribution des bourses), tel n’est pas le cas de Madeleine Berre qui défend bec et ongle les mesures, pourtant jugées explosives, touchant à la fonction publique.

Ce jeudi, à l’occasion d’une réunion avec son équipe, la ministre de la Fonction Publique, de l’Innovation, du Service public et du Travail est revenu sur trois dispositions entérinées vendredi dernier.

A commencer par la nouvelle taxe dite Contribution de solidarité sur les hauts revenus (CSRH). Celle-ci ne touche que les plus hautes rémunérations au sein de la Fonction publique, d’une part, et est très progressive d’autre part, a-t-elle fait observer.  Le produit de cette taxe, a rappelé Mme Berre, permettra outre de désendetter l’Etat (car les salaires des fonctionnaires représentent plus de 50 % des dépenses publiques) mais également de financer les dépenses d’investissement pour préparer l’avenir, ainsi que les dépenses sociales.

« Cette contribution de solidarité permettra de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour financer la modernisation des écoles, des établissements de santé, notre système sociale, dont l’assurance maladie et les retraites, mais aussi les conditions de travail et d’emploi des agents publics de l’État », explique un membre du cabinet du Madeleine Berre.

Autre mesure,souvent caricaturée, qui a fait couler beaucoup d’encre : la suppression de 50 % des effectifs de la main d’œuvre non permanente (MONP) au sein de la fonction publique. La ministre a précisé que cette disposition concernent les personnes en abandon de poste de travail, frappées d’incapacité, dont le rendement n’est pas satisfaisant ; celles touchées par l’âge de la retraite fixé à 55 ans pour la MONP  ou encore les personnes employées dans des services en inadéquation avec leur formation ou leur profil.

Si Madeleine Berre n’a pas indiqué la date à partir de laquelle la mesure, rendue nécessaire compte tenu du poids exorbitant de la fonction publique au Gabon, sera appliquée, elle a en revanche annoncé que des mesures d’accompagnement seront prises. Selon un de ses conseillers, « la suppression de 50 % des effectifs de la MONP permettrait à l’Etat de réaliser une économie annuelle de 16 milliards de FCFA ».

Enfin, la ministre de la fonction publique est revenue sur le recensement des agents publics, une opération qui vise à une meilleure gestion du capital humain de l’État. « Le gouvernement veut lutter contre le taux d’absentéisme élevé au sein de l’administration publique. Le nouveau recensement permettra de mettre en place un mécanisme qui nous fournira des données claires sur l’employabilité des agents publics, leur rendement et leurs conditions de travail en vue de les rendre plus productifs », a déclaré la ministre de la Fonction publique. 

Le poids de la fonction publique est très élevé au Gabon. Le pays compte l’un des nombres les plus élevés de fonctionnaires en Afrique : 55 pour 1000 habitants contre 12 pour 1000 seulement au Cameroun voisin. Résultat : les salaires des fonctionnaires qui s’élèvent à près de 748 milliards de FCFA par an engloutissent la moitié des dépenses de l’Etat. Une situation qui obère sa capacité à rembourser sa dette, mais aussi à financer les dépenses d’investissement, indispensable pour préparer l’avenir, et les dépenses sociales qui comprennent tout à la fois l’éducation, la santé, les retraites ou encore l’assurance-maladie. Depuis mi-2018, le gouvernement gabonais a pris des mesures d’une ampleur inédite pour y remédier durablement dans la foulée des travaux de la Task force sur les finances publiques.