Fin de non recevoir pour la députée Bérengère Poletti suite à son courrier à Jean-Yves Le Drian et Rémy Rioux sur le soutien apporté par la France au Gabon via l’AFD

La députée française Bérengère Poletti © DR

Dans un courrier en date du 19 juin dernier, la députée Les Républicains (droite) a interpellé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, et le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Roux. 

C’est suite à un entretien avec Alain Ogoulinguendé, le secrétaire général de Nemesis (groupement d’organisations de la société civile locale), que la députée française Bérengère Poletti s’est fendue d’un courrier au ministre des Affaires étrangères français et au patron de l’AFD renseigne Jeune Afrique dans son édition à paraître cette semaine.

L’élue rappelle que deux procédures judiciaires ont été engagées en France contre l’AFD qui a consenti des prêts à l’Etat gabonais dont le but serait, selon ses détracteurs, de maintenir Ali Bongo au pouvoir. Elle souhaite que Jean-Yves Le Drian fasse « toute la lumière sur ces soupçons ».

Reste que cette démarche n’a aucune chance d’aboutir. Au sein de l’Exécutif français, elle fait grincer des dents. Au Quai d’Orsay, on parle d’une initiative isolée et déséquilibrée. « Mme Poletti aurait dû prendre la peine d’entendre différents sons de cloche avant de rédiger sa missive », s’agace un diplomate qui évoque un « harcèlement judiciaire vis-à-vis d’un Etat » de la part d’« une minorité, très loin d’être représentative ».

Le Gabon est un partenaire stratégique pour la France

Celui-ci rappelle que « le Gabon est un partenaire stratégique pour la France à la fois d’un point de vue économique avec des entreprises comme Eramet, Total, Rougier, etc., d’un point de vue sécuritaire s’agissant de la stabilisation de la région et de la lutte contre la propagation des groupes extrémistes, tels que Boko Haram, ou encore en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le Gabon étant couvert à 85 % de la forêt équatoriale, le deuxième poumon vert de la planète. » 

En plus haut lieu, dans l’entourage du président français, Emmanuel Macron, on se plait également à souligner que le Gabon, contrairement à d’autres pays, n’a pas d’impact négatif sur la France et sur l’Europe. Le pays « n’est pas un foyer de terroristes et ses ressortissants n’immigrent pas en nombre vers le nord, comme c’est le cas de la Guinée Conakry, de la Côte d’Ivoire ou du Mali, dont les autorités ne délivrent pas de laisser-passer consulaires pour reprendre leurs ressortissants qui séjournent illégalement sur le Vieux continent, ce qui créé énormément de tension et nourrit le populisme en Europe », souligne-t-on à Paris.

Paris où l’on rappelle que la démarche de la députée française est à rebours de la ligne diplomatique française vis-à-vis du Gabon. « Elle n’a aucune chance d’aboutir. Cela relève plus d’une action de communication qu’autre chose », analyse notre diplomate. Fin de non recevoir donc pour Bérengère Poletti.