[Analyse] Fête nationale au Gabon : 3 choses à retenir du discours du président Ali Bongo

Le président Ali Bongo lors de son discours du 16 août, veille de fête nationale au Gabon © DR

Ce vendredi 16 août, veille de fête de l’indépendance au Gabon, le chef de l’Etat a prononcé un discours attendu. Voici, en trois points, ce que l’on peut en retenir. 

Le contexte : Ce discours radio-télévisé, diffusé ce vendredi à 20h00, heure locale, est le troisième prononcé par Ali Bongo depuis son probable AVC survenu le 26 octobre dernier à Riyad en Arabie Saoudite. Il a été précédé de celui du 31 décembre où il a présenté ses traditionnels vœux à la Nation, celui du 8 juin où il a rendu hommage à son père, le président Omar Bongo décédé dix ans plus tôt tout en profitant, dans la foulée du scandale du kévazingo, pour dénoncer la corruption.

La forme : Comme les précédents, ce discours a été particulièrement scruté. Le débit de parole du président est revenu à peu de choses près à la normale. De ce point de vue, la différence est notable entre son discours prononcé hier et celui du 8 juin dernier, sans parler de celui du 31 décembre. Le signe qu’Ali Bongo a désormais recouvrer, sur le plan physiologique, la totalité de ses facultés. Demeure encore pour l’heure quelques séquelles physiques. Autre signe tangible du recouvrement de la santé par le président : alors que le discours du 31 décembre avait duré 2 minutes, celui du 8 juin un peu plus de 6 minutes, celui du 16 août dépasse, lui, les 11 minutes.

Le fond : Le discours prononcé hier par le président gabonais est très dense. Plusieurs axes majeurs de son action y sont développés, des propositions concrètes sont formulées (édification de la Transgabonaise entre Libreville et Franceville) et des objectifs précis sont assignés (doublement du nombre d’emplois créés dans le secteur privé formel) a insisté sur six points :

le développement territorial : « Le développement territorial de notre pays doit être une priorité absolue (…) Les jeunes Gabonais ne doivent pas avoir pour seule perspective professionnelle que de rejoindre Libreville pour y trouver un travail (…) Quels que soient leurs lieux de résidence ou leurs origines, les Gabonais ont droit à des conditions de vie dignes comprenant l’accès à l’eau, au logement, à l’éducation, aux transports, à l’emploi. »

l’emploi : « Le chômage des jeunes est un défi mondial qui nous concerne tous. C’est pourquoi nous cherchons à créer des solutions concrètes avec les académiques et la société civile, pour créer des voies d’accès au marché du travail pour les jeunes – en développant les compétences dont notre économie a besoin et en créant des emplois pour nos jeunes (…) Notre objectif est de doubler chaque année le nombre de création d’emplois dans le secteur privé formel. »

La formation : « On ne le relève pas suffisamment mais c’est une véritable révolution. Demain, au Gabon, les jeunes formés trouveront un emploi plus facilement sur le marché du travail. Pourquoi ? Parce que leurs formations correspondront davantage aux besoins réels sur le marché du travail. Cela s’appelle l’employabilité. Former les jeunes dans des secteurs qui n’offrent pas de débouchés est criminel. Nous avons fait en sorte que cela change. D’où une meilleure prise en compte désormais de l’enseignement technique et professionnel. »

le social : « Pour rendre plus moderne, efficace et pérenne notre modèle social, il faut aussi augmenter les retraites de nos aînés, les bourses de nos étudiants, ainsi que les prestations d’assurance-maladie. »

la poursuite des réformes : « 2018 a été une année de réforme intensive. Jamais dans l’Histoire contemporaine, notre pays ne s’est autant transformé. Ces réformes courageuses, celle de l’Etat et celle de nos finances publiques en particulier, ont été menées avec détermination. Elles commencent à porter leurs fruits. En l’espace d’un an, le nombre d’agents de la fonction publique est passé sous la barre des 100 000. Depuis 2016, l’endettement de notre pays est passé de 64 % du PIB à 60 aujourd’hui. Et le phénomène s’accélère car le déficit se réduit (…) Le taux de croissance devrait osciller autour des 3,5 %, en net hausse par rapport aux exercices précédents (…) En la matière, il ne faut pas relâcher l’effort. Il faut en faire toujours plus. Dans les mois qui viennent, je ne compte pas lever le pied. Bien au contraire (…) Nous retrouvons des marges de manœuvre budgétaire. Nous pouvons ainsi annoncer le démarrage des travaux en septembre prochain de la Transgabonaise. Une nouvelle route économique reliant Libreville et Franceville d’une distance de 780 km. »

la valorisation de son bilan : « Nous, Gabonais, sommes souvent les plus mauvais juges de ce qui a été fait. Le PNUD, qui dépend des Nations Unies, classe le Gabon comme second pays en Afrique subsaharienne continentale en termes de développement humain. Loin de moi l’idée de m’en satisfaire et de nous reposer sur nos lauriers. Mais reconnaissons que le Gabon a accompli du chemin. »

Pour rehausser son discours, le président gabonais l’a conclu sur une sagesse populaire, en forme d’hommage à la nation gabonaise, qui célèbre aujourd’hui le 59ème anniversaire de l’indépendance de son pays : « Un seul doigt ne lave pas la figure ». Une manière pour le numéro un gabonais d’appeler les Gabonais à l’aider dans sa tâche mais aussi d’unifier le pays autour de sa personne dans un contexte d’apaisement.