Fake news : Non, il n’y a pas de vague de disparitions d’enfants au Gabon

En janvier 2020, des rumeurs d'enlèvement d'enfants avaient causé la mort atroce de deux innocents © DR

Dans un point de presse fait lundi 25 avril à son cabinet, le ministre de la Communication, Pascal Houangni Ambouroué, a mis en garde l’hebdomadaire Gabon Matin suite à la diffusion par l’hebdomadaire d’un dossier de 4 pages sur de supposées disparitions d’enfants à Libreville relayées par les réseaux sociaux et qui créent une psychose dans le pays. Problème : il s’agit d’informations totalement mensongères.

Non, il n’y a pas de vague de disparition d’enfants à Libreville ou ailleurs au Gabon. C’est la mise au point que le gouvernement a tenu à faire hier, lundi 25 avril, à travers un point de presse du ministre de la Communication, Pascal Houangni Ambouroué.

« Le gouvernement s’indigne de la Une de l’hebdomadaire Gabon Matin en sa parution du jour titrée : Phénomène des disparitions d’enfants, L’alerte », a déclaré le ministre qui accuse ce journal d’alimenter la psychose auprès des populations. « Le gouvernement rappelle qu’il n’appartient pas à la presse de créer des psychoses de nature à troubler la quiétude de nos compatriotes même si le Gouvernement réaffirme son attachement au principe de prévention », a-t-il indiqué.

« Ces dérives sont fortement et sévèrement sanctionnées ailleurs et le Gabon ne peut déroger à la règle », a prévenu Pascal Houangni Ambouroué.

Dans sa dernière édition parue ce lundi 25 avril, Gabon Matin titrait un des ses articles en page intérieure : « Le phénomène des disparitions refait surface ». Et l’hebdomadaire d’assurer que « le fléau crée la psychose chez les populations. La capitale gabonaise, Libreville fait face ces derniers jours à une recrudescence des avis de recherches indiquant la disparition notamment d’enfants ».

« La parole gouvernementale est vivement attendue afin de baisser la psychose », concluait l’hebdomadaire non sans recommander aux familles de se rendre dans les commissariats de police ou de gendarmerie pour « faire constater la disparition et lancer un avis de recherche ». Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les avis de recherche pullulent sur les réseaux sociaux (WhatsApp et Facebook notamment). Ces avis sont accompagnés d’une photo, de deux ou 3 numéros de téléphones (souvent injoignables) pour contacter la famille.

A ce jour, un seul cas de disparition d’élève est avéré en ce mois d’avril. Il s’agit d’Anges Jérémie Kakouo Awounga, 12 ans, élève au Lycée national Léon Mba, qui avait disparu le 15 avril. Sa dépouille a été retrouvée le 18 avril sur la plage située en face de son lycée. La famille avait lancé un avis de recherche sur les réseaux sociaux, puis publié un communiqué pour annoncé son décès.

Le sujet sur les enlèvements d’enfants est très sensible au Gabon. En janvier 2020, Libreville s’était embrasée. Des rumeurs totalement infondées annonçant l’enlèvement d’enfants quasi simultanément dans plusieurs quartiers avaient provoqué des manifestations spontanées ponctuées par des barricades, des incendies des pneus sur la voie publique, la casse de voitures… Deux automobilistes, eux-mêmes pères de famille, avaient été lynchés à mort par la foule qui les accusait à tort d’être des kidnappeurs d’enfants. Pour rétablir le calme, le gouvernement avait suspendu les cours pendant plusieurs jours afin ramener le calme.

Ce nouvel épisode de rumeurs démontre, si besoin en était encore, la nécessité de faire diligence en matière de communication et de communiquer régulièrement, de façon pluri-quotidienne, afin de communiquer des informations vérifiées aux populations. Dans le cas contraire, la nature ayant horreur du vide, les fake news triomphent. Enfin, compte tenu des conséquences dramatiques de telles rumeurs, une réponse exemplaire de fermeté de la part de l’institution judiciaire est nécessaire afin de dissuader ceux qui relaient ces fausses informations de façon totalement irresponsable.