[Fact checking] Covid-19 : Pourquoi le Gabon ferme ses frontières terrestres

Après l'avoir déjà fait en mars dernier, le Gabon a de nouveau fermé ses frontières terrestres à compter du samedi 30 janvier 2021 © DR

Depuis samedi 30 janvier à 18 heures, les frontières terrestres du Gabon sont fermées. Une mesure exceptionnelle déjà prise en mars dernier lors du déclenchement de l’épidémie de Covid-19, qui ne concerne que les personnes et non les marchandises qui, elles, peuvent continuer de circuler sans difficulté. Cette fois-ci encore, cette décision a donné lieu à quantité de fake news et d’analyses complotistes sur les réseaux sociaux, mais également dans les médias en ligne. Pourquoi les autorités gabonaises se sont-elles résolues à fermer les frontières du pays ? En voici les vraies raisons. 

Le Gabon fait face depuis la fin décembre 2020 a une augmentation exponentielle du nombre de « cas actifs », c’est-à-dire de cas positifs à un même moment au Covid-19. Alors que ceux-ci étaient tombés il y a un mois et demi sous la barre des 75, ils s’élèvent aujourd’hui à 420 selon le dernier chiffrage, rendu public vendredi, par le Comité de riposte au coronavirus.

Comme l’explique un virologue de l’Institut Pasteur, ce phénomène s’explique pour partie par l’augmentation du nombre de « cas endogènes », mais surtout, pour une part plus importante, par le nombre de « cas importés ».

Faible niveau de riposte ailleurs en Afrique centrale

De fait, les pays limitrophes ont un niveau de riposte face au Covid-19 bien plus faible que le Gabon qui fait figure de très bon élève dans une sous-région, l’Afrique centrale, à la traine en matière de tests – domaine dans lequel le Gabon excelle puisqu’il est l’un des pays qui, dans toute l’Afrique, teste le plus sa population par habitant – mais aussi de prévention et de soins.

Comme l’indiquent clairement les derniers chiffres rendus publics par l’OMS au sujet du Covid-19 en Afrique (« Covid-19 pandemic in the WHO african region: epidemiological analysis », janvier 2021), le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine ou même, dans une moindre mesure, le Cameroun, présentent des données nettement plus faibles que celles du Gabon. C’est en particulier le cas en matière de tests, l’un des points de comparaison les plus objectifs pour évaluer le niveau de riposte, explique l’OMS.

D’un point de vue général, la sous-région Afrique centrale est considérée, dans son ensemble, comme la plus en retard sur le plan de la lutte contre l’épidémie.

Une mesure tout sauf exceptionnelle

C’est donc pour cette double raison (faiblesse de la riposte dans les pays limitrophes) et part importante de cas importés dans l’augmentation récente des chiffres de l’épidémie que les autorités gabonaises ont pris la décision de fermer les frontières terrestres du Gabon qui, contrairement aux frontières aériennes, pouvaient de fait jusqu’à présent être franchies sans que les personnes aient besoin de montrer un test PCR de moins de quatre jours. Par ailleurs, cette décision de fermeture ne concerne que les personnes et non les marchandises qui, elles, peuvent continuer de circuler normalement.

La réalité est donc très éloignée de la présentation qui en est faite sur les réseaux sociaux, toujours prompts à faire écho aux thèses les plus complotistes. Thèses par ailleurs reprises de façon irresponsable par des opposants et complaisamment relayées par certains « médias » en ligne.

A noter que cette mesure n’a rien d’exceptionnelles. Plusieurs pays ont fait de même ces derniers temps, en particulier la France qui, la semaine dernière, a bouclé ses frontières terrestres mais aussi aériennes.