Face aux menaces proférées par un candidat d’opposition et à la multiplication des fake news, le Gabon également contraint de suspendre la diffusion des médias étrangers

Le ministre de la Communication, Rodrigue Mboumba Bissawou, invité du Journal Afrique de France 24 vendredi 25 août 2023, à la veille des élections générales © Impression écran/France 24

Après avoir coupé internet et instauré un couvre-feu, les autorités gabonaises ont également suspendu de diffusion sine die les chaines télé et radio internationales comme RFI, France 24, TV5 Monde ou Africa News. Voici pourquoi. 

La réponse a indirectement été donnée par le ministre de la Communication, Rodrigue Mboumba Bissawou, lors d’une interview vendredi soir, 25 août, sur France 24.

Interrogé sur l’absence d’accréditation de médias étrangers pour couvrir les élections qui se sont tenus ce samedi 26 août, le ministre a d’abord rappelé qu’ « il n’est pas tout à fait vrai de dire qu’il n’y a pas de médias étrangers. Il y a au Gabon des correspondants de ces médias étrangers qui travaillent ici, sur place, depuis des années et qui font leur travail », a-t-il insisté.

« Mais », a aussitôt ajouté le ministre gabonais de la Communication, « il faut rappeler qu’en 2016 (lors de la précédente élection présidentielle, NDLR), nous avons vu des acteurs arrivés qui n’ont pas fait la différence entre le journalisme et le militantisme. Certains ont pris des positions, sans neutralité, qu’ils n’auraient pas dû, en tant que journaliste, afficher. »

A la lecture de certains articles (notamment des dépêches AFP) ou à l’écoute de reportages (comme ceux de RFI) ces dernières heures, difficile de lui donner tort. Même si cette fois-ci, ces « acteurs » ne sont pas présents sur place, dans le pays, leur ligne éditoriale n’a guère évoluée.

Parti pris et hystérie

« Il y a un parti pris traditionnel des médias français en faveur de l’opposition. C’est d’autant plus flagrant en période électoral où le candidat de ce camp est encensé. Sa biographie devient un panégyrique. Ses faux-pas sont passés sous silence et ses propos, concernant son annonce de victoire quelque peu prématurée ou une supposée fraude massive, sont largement relayés par ces médias internationaux, en réalité français, alors qu’il n’y a aucun élément de preuve matériel permettant d’en attester », explique un professeur en science politique de l’UOB.

« On est moins dans la presse d’information que dans la presse d’opinion ; moins dans la neutralité et dans l’objectivité que, hélas, dans l’hystérie », déplore cet universitaire, d’un naturel mesuré.