En 2019, la lutte contre la corruption a marqué un tournant au Gabon

Ali Bongo Ondimba présidant le dernier conseil des ministres de l'année au Gabon, le 23 décembre 2019 © DR

Autrefois pointé du doigt pour son niveau de corruption, le Gabon a entrepris en 2019 un virage en renforçant la lutte contre l’enrichissement illicite. En témoignent notamment l’entrée en vigueur d’un nouveau code pénal particulièrement sévère à l’encontre des infractions financières, l’opération anti-corruption lancée en novembre dernier ou, dernièrement, la fermeté réitérée en la matière par le président Ali Bongo Ondimba lors de ses vœux du 31 décembre. 

Au Gabon, l’année 2019 a été marquée par la reprise en main des leviers de commande du pays par le président Ali Bongo Ondimba, contraint de déléguer une partie de ses pouvoirs suite à un AVC survenu en octobre 2018 dont il s’est remis depuis.

Cette reprise en main s’est notamment illustrée par le lancement début novembre d’une opération anti-corruption d’une ampleur inédite. Celle-ci a conduit au placement en détention provisoire d’une vingtaine d’ex-hauts responsables publics (hauts fonctionnaires, ministres, dirigeants d’entreprise publique ou d’agence de l’Etat), tous proches de l’ex-directeur de cabinet de la Présidence de la République, Brice Laccruche Alihanga.

Ce 31 décembre 2019, à l’occasion de ses vœux à la Nation, le chef de l’Etat gabonais a remis le sujet sur la table. « Ces hommes et ces femmes que j’ai nommés à votre service doivent en tirer toutes  les conclusions, c’est à dire réviser leur manière d’être, de fonctionner, et revenir à  l’essentiel : travailler pour l’intérêt général. Ces instructions, je les ai données à tous les responsables publics, à commencer par  le Premier Ministre, Chef du Gouvernement.  L’échec ne saurait être une option. La réussite une obligation », a tonné Ali Bongo Ondimba, insistant lourdement par ailleurs sur l’efficacité de l’action publique, la culture du résultat et la nécessité de mécanismes d’évaluation.

Se faisant volontiers martial, le numéro un gabonais a prévenu : « Que celles et ceux qui s’adonneront à des pratiques répréhensibles seront tous  sanctionnés, sans exception, avec une extrême sévérité car ils tomberont sous le coup  de la loi ».

Déjà, le 8 juin dernier, dans son premier discours post-AVC, Ali Bongo Ondimba avait consacré son discours à la lutte contre la corruption qu’il avait qualifié de « gangrène ». Celle-ci « n’a pas sa place dans notre pays », avait-il martelé.

Quelques semaines plus tard, un nouveau Code pénal été promulgué. « Il s’agit d’un des codes les plus sévères en matière d’infractions financières », explique un professeur en droit comparé de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar au Sénégal.

Le 23 décembre , à l’issue du dernier conseil des ministres de 2019, le président gabonais avait lâché à quelques ministres venus le saluer : « Que celles et ceux qui jouissent d’un sentiment d’impunité cesse de pavoiser. En matière de lutte contre la corruption, les paroles seront suivies d’effets », a lâché le numéro un gabonais.

« En 2019, la lutte contre la corruption a marqué un tournant au Gabon », veut croire quant à lui ce professeur en science politique de l’UOB. L’opération Scorpion actuellement en cours ne pourrait donc qu’être l’opus d’une longue symphonie.