« En 2018, le doyen des demandeurs de bourses étudiantes au Gabon avait 46 ans » (Joël Lehman Sandoungout, DG de l’ANBG)

Le DG ANBG, Joël Lehman Sandoungout @ Médias 241/Capture écran

Le directeur général de l’Agence nationale des bourses du Gabon, Joël Lehman Sandoungout, a expliqué, dans une interview à nos confrères de Médias241, qu’un consensus se dessine sur la réforme des bourses avec les élèves et leur parents. 

C’est une interview éclairante qu’a donné à Medias241 le DG de l’ANBG du Gabon. « Toutes les réformes suscitent des remous. Celle portant sur la modification des critères d’attribution des bourses a suscité pas mal d’incompréhensions entre les jeunes, les syndicats et le gouvernement », explique d’emblée Joël Lehman.

Or, poursuit-il, « on ne peut pas continuer comme ça. Avec une absence totale de critères d’âge, de moyenne et même d’examen du dossier scolaire. C’est une situation totalement inédite, qui ne se retrouve nulle part ailleurs », fait-il observer, après avoir précisé que « le Gabon est le pays en Afrique subsaharienne qui accorde le plus de bourses à sa jeunesse. »

Preuve selon lui que le système actuel ne marche pas, « 80 % des chômeurs inscrits à l’ONE ont bénéficié d’une bourse d’Etat dans les filières d’enseignement général », indique M. Lehman.

Et pour cause, « il y a une inadéquation entre l’offre de formation et les demandes d’emploi », précise-t-il. « C’est pourquoi les conditions d’âge et de moyenne sont plus souples dans les filières d’enseignement technique et professionnel », dit-il, ajoutant : « nous continuerons à accorder des bourses dans l’enseignement général. Mais nous privilégierons les meilleurs d’entre vous. Et pour les autres, l’enseignement technique et professionnel vous tend les bras. Vous y trouverez une formation solide et un emploi à la clé », martèle-t-il.

Profitant de l’occasion pour balayer un certain nombre de fake news, le DG de l’ANBS apporte une précision importante : « à aucun moment le gouvernement a dit que ce texte devait être appliqué immédiatement », rappelant au passage que « la bourse n’est pas un droit acquis, ni a fortiori un droit constitutionnel. C’est une aide que l’Etat accorde pour la formation de sa jeunesse. »

De ce fait, le DG de l’ANBS appelle les contestataires à la raison. « Il faut considérer la réforme de manière globale. Il y a l’aspect bourses, mais il y a aussi l’aspect formation professionnelle et technique qui est tout aussi fondamental », indique-t-il, pour aussitôt ajouter : « à côté de ces réformes, le gouvernement a dit qu’il améliorerait les conditions de travail des enseignants et d’apprentissage des élèves (construction de salles de classe, fourniture de matériels, etc.) pour atteindre les normes internationales. »

« Il faut donc que les gens prennent la peine d’écouter jusqu’au bout tout ce qui est en préparation et non prendre un bout de la réforme pour le dénoncer. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain », avertit M. Lehman qui se félicite de l’ouverture d’un dialogue dimanche au sujet des bourses entre le gouvernement et les acteurs du monde éducatif.

« Les discussions sont entamées. Dimanche, nous étions avec les élèves et leurs parents. Malheureusement les syndicats ont quitté la salle. Mais à la fin de la réunion, après dix heures d’échange, nous avons fini par nous comprendre. Les gens ont compris et tout le monde est d’accord qu’il faut réformer les choses », fait-il remarquer.

Joël Lehman conclut cette interview par une anecdote qui, à elle-seule, justifierait la nécessité de réformer le système de bourses actuel. « Pour la petite histoire, le doyen des demandeurs de bourses, qui est une femme, avait 46 ans l’année dernière », révèle-t-il. Une aberration.

Retrouvez l’intégralité de cette interview en vidéo sur Médias 241 en cliquant sur ce lien.