Emmanuel Macron au Gabon : La santé des gilets jaunes éborgnés au menu des échanges avec Ali Bongo Ondimba ?

Des gilets jaunes français éborgnés lors des grandes manifestations de 2018-2019 © DR

Dans une lettre ouverte diffusée ce mercredi, neuf députés français d’extrême-gauche, manifestement inspirée par l’aile radicale de l’opposition gabonaise, invitent le président Français, présent à Libreville pour le One Forest Summit, d’évoquer avec son homologue Ali Bongo Ondimba le sort de Jean-Rémy Yama et de Brice Laccruche Alihanga, placés en détention provisoire en attendant leur jugement. Une requête absconse juge la majorité, tant à Libreville qu’à Paris. 

« Mes collègues députés sont apparemment nostalgiques du bon vieux temps des colonies. Peut-être ne sont-ils pas au courant mais le Gabon est un Etat indépendant depuis 1960, et plus un territoire colonial administré depuis Paris », raille un député français LREM (majorité) qui siège à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Mais il n’y a pas qu’à Paris que cette requête, aux relents surannés, parait absconse. A Libreville aussi. A fortiori. « C’est comme si le président Ali Bongo Ondimba s’enquérait auprès de son homologue français du sort des gilets jaunes éborgnés durant les manifestations qui, je le rappelle, on fait en tout onze morts. M. Macron pourrait dire : ‘de quoi je me mêle’ et il aurait bien raison. Et bien, pour nous, c’est pareil. Ce qui vaut pour les uns, la France, vaut pour les autres, le Gabon ! », argumente un ministre.

Pour cet expert, fin connaisseur des relations entre Paris et l’Afrique centrale où il a vécu une vingtaine d’années, il n’est pas question pour la France d’évoquer le sujet Yama, BLA ou autres. « Libreville a ses lignes rouges. Et Paris, qui a trop besoin du Gabon sur un certains nombre de dossiers, sait où il ne faut pas mettre les pieds. Ce n’est pas une lettre ouverte, des tribunes de presse ou des posts sur les réseaux sociaux qui y changeront quoi que ce soit. Tout ceci est du bruit dont l’écho sera dissipé dans quelques heures », prévient-il.

L’extrême gauche française et l’opposition radicale gabonaise, alliés objectifs, sont prévenues.