Emmanuel Macron au Gabon : « En France aussi, des activistes et même des députés disent que nous vivons en dictature » (député LREM)

Il y a quelques années, le député français d'extrême gauche Adrien Quatennens avait qualifié la France de démocrature, un mix entre démocratie et dictature © DR

Le One Planet Summit qui se tient actuellement à Libreville est l’occasion pour les activistes gabonais pro-opposition de s’offrir un quart d’heure de gloire médiatique. Mais pour disposer d’une tribune, ceux-ci doivent se montrer le plus caricatural et le plus outrancier possible, explique un professeur en communication à l’UOB. De son côté, un député français, membre de la majorité, invite à relativiser ce genre de « propos d’estrade ». 

Le One Forest Summit qui se tient actuellement à Libreville au Gabon est l’occasion pour les activistes proches de l’opposition de faire entendre leur voix. « De s’offrir un quart d’heure de gloire, ou plutôt de gloriole médiatique », corrige aussitôt un responsable du PDG, le parti majoritaire au Gabon, qui s’amuse plus qu’il ne s’agace de cette situation.

Mais pour se faire entendre dans les médias, ceux-ci doivent « se montrer caricaturaux, outranciers même », explique un professeur en communication de l’UOB. « Les médias, d’une manière générale, ont du mal avec la complexité qui est trop exigeante. Ce qui les intéresse, ce sont des points de vue tranchés, tout noir ou tout blanc, car ils sont immédiatement compréhensibles, il ne supposent pas d’efforts de compréhension. Les différences nuances de gris ne les intéressent pas car elles sont difficiles à saisir. Or, la réalité, n’est jamais toute blanche ou toute noir. Elle oscille le plus souvent entre le gris clair et le gris foncé », soutient l’universitaire.

Celui-ci indique par ailleurs que l’objectif de la plupart des médias « n’est pas tant de faire comprendre que de faire de l’audience. Pour cela, il vaut mieux s’adresser aux émotions qu’à la raison. C’est pourquoi, dans ce jeu-là, plus les points de vue les plus décalés, souvent les plus minoritaires, trouvent un espace pour s’exprimer. » Et l’universitaire de faire observer que : « Si vous êtes un activiste un opposant et que vous cherchez à attirer l’attention, mieux vaut dire que le Gabon est un régime autoritaire, mieux une dictature, pour que l’on vous tende le micro ou que l’on vous ouvre les colonnes des journaux ». 

De fait, ces derniers jours, les activistes gabonais de tout poil se bousculent auprès des médias français pour publier des tribunes, donner une réaction ou mieux, une interview. Leur point commun ? Tous dépeignent le Gabon comme un Etat autocratique, dictatorial.

Faut-il s’en émouvoir. « Non », répond sans ambages ce député français LREM (majorité). Au contraire, il appelle « à relativiser ». « Ça fait partie du jeu. Ce sont des propos d’estrade. Vous savez, chez nous aussi, des activistes, et même des députés qualifient la France de démocrature, de régime autoritaire et même de dictature ! (…) », déplore l’élu. « Ils disent que nous ne serions pas en démocratie. Et c’est à ces gens-là, dont le point de vue est ultra-minoritaire, que les médias, télé, radio et autres, qui souvent partagent la même idéologie, tendent le micro. Mais tout ça, au fond n’est que du spectacle, une forme de mauvais théâtre. Ça fait le buzz quelques heures et on passe à autre chose. Politiquement, ça ne change strictement rien ; ça ne fait bouger aucune ligne », observe ce parlementaire, connu pour être l’un des meilleurs connaisseurs du continent africain au sein de l’Assemblée nationale française et qui en est à son deuxième mandat au Palais Bourbon.

En somme, comme le dit un proverbe français, « le chien aboie, la caravane passe. »