Elections au Gabon : l’opposition laminée dans les urnes lors des municipales et du premier tour des législatives

Alexandre Barro Chambrier, le président du Rassemblement Héritage et Modernité, a bon an mal an limité les dégâts lors de la soirée électorale d'hier, contrairement à d'autres responsables de l'opposition © ABC – Facebook

Sévère déconvenue pour les partis d’opposition au Gabon. A l’occasion des élections locales et du premier tour des législatives qui se sont tenus samedi 6 octobre, c’est un véritable raz-de-marée en faveur du PDG (au pouvoir) auquel on a assisté. 

Ce matin, un peu partout au Gabon, l’opposition s’est réveillée avec la gueule de bois. La nuit durant, au fur et à mesure de l’annonce des résultats provisoires, ses principaux leaders ont rapidement compris que le résultat de leur camp ne serait pas bon. Certes, ils s’attendaient à faire un score modeste, la victoire leur étant – ils le savaient – inaccessible. Mais de là à subir pareille déconvenue, il y avait un pas que peu ont osé franchir.

Soirée douloureuse pour Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, Guy Nzouba Ndama et Alexandre Barro Chambrier

Si la défaite est douloureuse pour l’opposition d’une manière générale, elle est particulièrement cruelle pour certaines de ces principales figures. Les scrutins du samedi 6 octobre (municipales et premier tour des législatives) ont en effet douché les ambitions de nombreux cadors de l’opposition. C’est le cas notamment de Jean Gaspard Ntoutoume Ayi qui lorgnait le leadership de l’opposition (via la présidence de son groupe à l’assemblée nationale) ou de Guy Nzouba Ndama, l’ancien titulaire du perchoir à l’assemblée nationale, battu dans la province de l’Ogooué-Lolo par un cacique du PDG, Jean Massima.

Autre poids lourds a avoir subi un revers, Alexandre Barro Chambrier. Le président du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), présenté comme le successeur de Jean Ping, est poussé à un second tour dans le 4ème arrondissement de Libreville par un tout jeune candidat, Pierre Severin Ndong Ekomie.

Les règlements de comptes entre opposants ont commencé

« Nous sommes KO debout. On s’est tous réveillé groggy », reconnait le directeur de campagne d’une des figures de l’Union Nationale, l’un des principaux partis d’opposition. « L’ampleur de la défaite est telle que l’opposition, comme elle le fait d’habitude, n’a même pas pris la peine de crier à la fraude ! », relève, quant à lui, un professeur en science politique de l’UOB.  Première conséquence de ces mauvais résultats : les règlements de comptes ont déjà commencé entre les différents leaders, les uns rejetant la responsabilité de la défaite sur les autres.

Jean Ping retrouve le sourire

Toutefois, ces résultats ne font pas que des malheureux chez lez opposants. Hier, Jean Ping, qui avait plaidé en vain en faveur du boycott par l’opposition de ces élections, buvait du petit lait. Tous ceux qui prétendaient lui ravir son leadership (Alexandre Barro Chambrier, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi…) ont échoué à relever le défi. Leur mauvais score leur imposera sans doute de revoir leurs ambitions à la baisse.

Mais il est vrai que d’ici 2023, date de la prochaine élection présidentielle au Gabon, beaucoup d’eau se sera écoulée sous les ponts…