Elections au Gabon : pour éviter une débâcle électorale, certains candidats préfèrent se retirer de la course avant le début du scrutin

Trois des candidats de l'opposition aux élections locales et législatives à Bongoville ont préféré jeter l'éponge à moins de 24h00 du scrutin, officiellement pour dénoncer la fraude, en réalité pour éviter de subir une lourde défaite électorale © DR

C’est notamment le cas de Brigitte Ossibi, Saturnin Odouma et Loïc Arnaud Makouka Mouoyi, en lice pour les élections locales et législatives dans le département de la Djouori-Agnili (1er siège), à Bongoville, face à Malika Bongo, la candidate du PDG.

C’est ce vendredi après-midi que les trois candidats issus de différents partis d’opposition ont fait part de leur décision. Soit à quelques heures seulement de la date du scrutin.

Pour justifier cette décision, les démissionnaires ont invoqué « des manœuvres de fraude massive orchestrées par le Parti Démocratique Gabonais en vue de faire triompher sa candidate ». Il reproche en outre à la responsable de la commission électorale départementale, Loraine Daisy Kalanga, de faire preuve de « favoritisme » à l’endroit du parti au pouvoir. Celle-ci aurait, selon eux, refusé de signer les accréditations des représentants des trois candidats préférant désigner en lieu et place des « militants du PDG ».

Mais après vérification et recoupement auprès de diverses sources, cette accusation s’est avérée infondée. En réalité, il s’agirait davantage d’une décision politique prise pour deux raisons, comme l’indique l’un des responsables de la campagne d’un des candidats démissionnaires qui ne partage pas la stratégie arrêtée.

La fraude pour prétexte au retrait

« On savait avant de nous lancer dans la course que la victoire serait très difficile. La campagne nous l’a démontré. Les électeurs font toujours confiance au PDG. Du coup, on a eu du mal à faire passer nos arguments. C’est alors que nos candidats ont commencé à redouter une débâcle électorale. Certains se sont dits qu’il valait mieux se retirer par anticipation de la course en criant à la fraude plutôt que de subir une sérieuse déconvenue », explique celui qui faisait office de directeur de campagne pour l’un des trois candidats démissionnaires.

« Mais il s’agissait en même temps de s’attaquer à un symbole », poursuit-il, « Malika Bongo étant la propre fille du président, en criant à la triche avant le scrutin, cela permettait de jeter le discrédit sur les élections dont les résultats ne seront peut être pas fameux pour nous (l’opposition) ». 

« On est habitué à cela. C’est classique au Gabon », explique un universitaire, rompu aux joutes électorales. « Cette circonscription est réputée imperdable pour le parti du pouvoir. Du coup, les candidats de l’opposition, plutôt que d’aller jusqu’au bout et prendre le risque d’essuyer une sévère défaite, préfère se retirer et crier à la fraude. C’est le seul moyen pour eux de sortir la tête haute », éclaire-t-il.

Ralliements

Si certains candidats prennent prétexte de la fraude, réelle ou supposée, pour se retirer, d’autres préfèrent plus simplement se rallier. C’est le cas notamment du candidat aux législatives de L’Union pour la Nouvelle République dans le 2ème arrondissement de la commune de Port-Gentil. Dans un courrier adressé ce vendredi 5 octobre au gouverneur de la province de l’Ogooué Maritime, Christian Nkolo Ogandaga a justifié le retrait de sa candidature par son ralliement à Jean Fidèle Otandault. Le ministre du Budget qui concoure sous les couleurs du PDG, est considéré comme le grand favori du scrutin.

« Cela s’appelle voler au secours de la victoire. Et c’est classique aussi », explique amusée notre universitaire.