[Éditorial] Retour définitif d’Ali Bongo au Gabon : l’accessoire et le principal

Le président Ali Bongo Ondimba rentre définitivement au Gabon ce samedi 23 mars après cinq mois d'absence @ DR

Alors qu’il arrivera cet après-midi à l’aéroport de Libreville, les Gabonais attendent avant tout du président de la République, de retour définitif au pays après cinq moins d’absence, une nouvelle impulsion politique. Le reste n’est pour eux que littérature.

Manifestement, le retour d’Ali Bongo fait couler moins de salive (dans les rues des villes du Gabon) que d’encre (dans certains médias). Les Gabonais, soulagés pour diverses raisons dans leur très grande majorité par ce retour, n’ont en effet pas les mêmes préoccupations, les mêmes centres d’intérêt qu’une frange (très politisée) du microcosme journalistique. A l’occasion du retour définitif du président gabonais au pays ce samedi 23 mars, la fracture est particulièrement visible. « Nous l’allons montrer tout à l’heure », pour reprendre la formule de Jean de La Fontaine.

D’un côté, il y a les médias – certains d’entre eux en tout cas car gardons-nous de toute généralisation. Qu’attendent-ils du retour aujourd’hui du numéro un gabonais dans son pays ? « Un bain de foule », « des poignées de main », « un grand discours » (emphatique si possible) et même, tant qu’à faire, une « conférence de presse ». Car, soutiennent sans rire ces médias, les Gabonais attendraient, tels des renards accrochés aux grilles d’un poulailler, une « preuve de vie » de leur président. Ils voudraient savoir s’il s’agit bien de lui, Ali Bongo Ondimba, et non, comble du ridicule, d’un « sosie ». Décidément, on aura tout lu…

… Ou presque. Car comme le dit le proverbe, « quand on a dépassé les bornes, il n’y a plus de limites ». C’est ainsi que d’autres encore, en réalité toujours les mêmes, veulent croire que le retour d’Ali Bongo Ondimba aurait été hâté par un appel à agir, l’énième du genre, lancé par un collectif de neuf opposants – tous des seconds couteaux dont on peine à retenir les noms, mais là n’est pas le sujet. A l’évidence, le retour du président gabonais en fait fantasmer plus d’un au point de vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Mais contrairement à cette petite petite poignée de journalistes, victimes – espérons-le temporairement – d’un accès de bovarysme, les Gabonais, eux, ne confondent pas l’accessoire et le principal, pour paraphraser un célèbre adage du droit.

L’accessoire, c’est ce dont nous venons de parler et qui ne représente pour les Gabonais aucun intérêt. Car ils ne sont pas dupes. Les obsessions du microcosme politico-journalistique ne sont pas les leurs. Tout cela relève, à leurs yeux, d’un jeu politicien très éloigné de leurs préoccupations, les uns – rêvant du pouvoir – cherchant à le ravir à ceux qui l’exercent.

L’essentiel pour les Gabonais n’est pas là. Si bains de foule, poignée de mains, paroles, etc., il y aura cet après-midi, ce sera sans doute très bien. Mais ce que les Gabonais attendent avant tout du retour de leur président au pays, c’est une impulsion politique forte débouchant sur des réformes ambitieuses à même de changer leur quotidien et de préparer l’avenir. Ce qu’ils attendent en somme, c’est « pas de chichi, du concret », pour reprendre les termes du directeur de cabinet du président ; et rien d’autre, n’en déplaise à certains mandarins.