[Éditorial] Gabon : Le retour d’Ali Bongo, la minorité bruyante et la majorité silencieuse

Des dizaines de milliers de Gabonais sont venus accueillir le président Ali Bongo à l'occasion de son retour définitif au Gabon samedi 23 mars @ DR

Ce samedi 23 mars, le président gabonais est rentré définitivement dans son pays, après cinq mois d’absence en raison d’ennuis de santé. Si ce retour est l’occasion pour une minorité de tenter de faire entendre de vieilles revendications, l’écrasante majorité de la population elle attend une impulsion politique forte. C’est cette dernière que le Président de la République doit écouter.

Enfin. Après cinq mois d’absence, le président Ali Bongo Ondimba est rentré dans son pays. De mémoire, on avait jamais vu ça. Des dizaines de milliers de Gabonais étaient venus l’accueillir. Une masse humaine formant un impressionnant cortège s’étalant de l’aéroport Léon Mba jusqu’aux abords de la résidence du chef de l’Etat dans le quartier de La Sablière à Akanda, au nord de Libreville.

Mais de ce retour, certains n’ont préféré ne retenir que de menus détails, forcément péjoratifs dans leur esprit. « Le président marche avec une canne ! » Oui, à l’évidence, celui-ci n’est pas encore tout à fait près pour courir la prochaine édition du marathon de Libreville. « Le président n’a parlé que quelques secondes à quelques journalistes ! » (sous-entendu, pas à nous) A notre connaissance, il ne s’agit pas d’une obligation constitutionnelle. Et quand bien même, le président avait sans doute bien d’autre chose à faire ce jour-là que de s’attarder à bavarder avec quelques journalistes.

Ces Cassandre, qui voient toujours le verre à moitié vide, ont tôt fait de tirer de leur maigre argumentaire une grande conclusion : il faut actionner, ô surprise, l’article 13, déclarer la vacance du pouvoir présidentiel. Pourquoi ? Parce que le chef de l’Etat aurait besoin de l’appui d’un officiel marocain pour marcher (une fakenews repandue sur Twitter par Marc Ona). Ou encore parce qu’il serait paralysé de la main droite (une autre fakenews distillée celle-ci par Laurence Ndong). Au fond, qu’importe la partition. Le disque est rayé. Cela fait bien longtemps que les Gabonais ne l’écoutent plus.

Et pour cause, ces lubies politiciennes ne recoupent en rien les préoccupations de l’écrasante majorité de la population, dont une partie s’est pressée ce samedi 23 mars à l’aéroport Léon Mba. Ce que celle-ci attend du retour d’Ali Bongo Ondimba au Gabon, c’est une nouvelle impulsion politique, des réformes destinées à améliorer leurs conditions de vie au quotidien et à préparer l’avenir. Rien de moins, rien de plus.

Monsieur le président, les Gabonais vous en conjurent : n’écoutez pas cette minorité bruyante, qui confond représentativité politique (dont elle est totalement dénuée) et représentativité médiatique, et dont la seule préoccupation – nombriliste – est de montrer qu’elle existe. Écoutez la majorité silencieuse, celle qui, soulagée par votre retour, en espère de vrais changements, pour eux et pour leurs enfants.