[Editorial] Gabon : Le double retour d’Ali Bongo Ondimba

Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, le 27 septembre 2018 (Archives) @ DR

En rentrant définitivement au Gabon ce samedi 23 mars, le président gabonais met un terme à une parenthèse de cinq mois, ouverte fin octobre dernier. Mais c’est un double retour qu’il doit signer : pas seulement physique, mais aussi politique. 

Mercredi 24 octobre – Samedi 23 mars. Cela fera cinq mois jour pour jour que le chef de l’Etat était absent du pays pour cause d’ennuis de santé. Si certains ont évoqué un AVC, les autorités n’ont, elle, jamais officiellement confirmé, évoquant une maladie.

Au fond, peu importe. Ce samedi, une longue parenthèse, selon les termes du porte-parole du Parti Démocratique Gabonais, Stéphane Iloko, se refermera. Le retour physique d’Ali Bongo au Gabon clôt en effet définitivement le débat sur la vacance du pouvoir présidentiel qui aura accaparé beaucoup d’esprits et d’énergie, en particulier du côté de la frange radicale de l’opposition. Une guerre picrocholine lors de laquelle la Cour constitutionnelle aura été le centre de toutes les attentions.

Une parenthèse de cinq mois est donc en passe de se refermer. Si l’on peut s’en réjouir, espérons maintenant qu’elle ouvrira un nouveau chapitre bien différent. En effet, s’ils se sont – à juste titre – préoccupés de la santé de leur président de la République, les Gabonais ne se sont guère intéressés, n’en déplaise à une frange de l’opposition et à certains médias qui en ont fait une obsession, au débat sur la vacance du pouvoir qu’ils considèrent comme purement politicien.

Même si certains préfèrent se voiler la face, pour les Gabonais – mais cela vaut également pour les autres peuples -, l’identité de celui qui occupe le pouvoir tout comme d’ailleurs la forme de gouvernement sont en réalité secondaires. Ce qui leur importe, c’est que ceux qui exercent le pouvoir mettent en oeuvre des politiques publiques qui, d’une part, correspondent à leurs vraies priorités et, d’autre part, soient efficaces.

En clair, ils veulent que la politique s’occupe de leurs problèmes (et non des lubies des hommes politiques) et qu’elle les traite efficacement. Au fond, cette demande est simple. Et elle est universelle. Partout, dans le monde, du Brésil aux Etats-Unis, en passant par l’Europe ou la Chine, c’est la même demande qui s’exprime. Le Gabon n’échappe pas à la règle.

Double retour, physique et politique

C’est pourquoi le retour d’Ali Bongo au Gabon doit être double. Son retour physique, qui constitue pour diverses raisons un soulagement pour la majorité des Gabonais, doit s’accompagner d’un retour politique. Clairement, la période qui s’ouvre et qui court jusqu’à l’élection présidentielle de 2023 devrait être synonyme de profonds changements pour notre pays. Les Gabonais doivent voir leur quotidien s’améliorer sensiblement, que ce soit en matière d’emploi, d’éducation, de santé, de logement, de pouvoir d’achat, d’accès à l’énergie, de transports, etc.

Ces réformes du quotidien, dont l’efficacité doit se faire ressentir à court ou moyen terme, doivent être accompagnées d’autres mesures, structurelles, qui doivent aboutir à plus longue échéance à un changement de modèle. Comment créer plus de croissance ? Comment rendre celle-ci plus équitable et durable ? C’est à ces trois questions que les Gabonais attendent des réponses.

Pour que ce vœu – forgé par l’écrasante majorité de nos concitoyens – puisse devenir réalité, il faut une impulsion très forte au plus au sommet de l’Etat. Voilà pourquoi les Gabonais attendent beaucoup du retour au pays d’Ali Bongo. Pas seulement son retour physique, mais mais son retour politique. L’heure est venue de changer de braquet. Il revient au président de la République d’en prendre l’initiative.