[Éditorial] Entre informations et spéculations, certains médias gabonais hésitent…

Le président Ali Bongo Ondimba lors du conseil des ministre le 29 mars dernier au Palais du Bord de mer à Libreville @ DR

…. Et basculent. En mal d’informations concernant le président Ali Bongo Ondimba, certains médias gabonais se livrent depuis quelques jours à des supputations, quitte à s’affranchir allègrement de toutes les règles du journalisme.

Il est à Londres, non à Rabat. Ou Peut-être à Paris ! A moins que ce ne soit à Genève  ? Décidément, on aura tout lu cette semaine au sujet du président gabonais, Ali Bongo Ondimba.

Et encore, tout ça n’est rien en comparaison aux spéculations sur l’état de santé du chef de l’Etat. Bien que rétabli, bien que s’exprimant désormais avec fluidité, ne butant plus que sur quelques mots, bien qu’ayant abandonné son fauteuil roulant et marchant à l’aide d’une simple canne dont il devrait se délester dans quelques semaines, selon ses proches, certains n’ont pas hésité ces derniers jours à relayer les plus folles rumeurs. Le président est mourant. Non, il est dans un état végétatif. Non, en réalité, il aurait eu un autre AVC. Etc.etc. Une attitude qui rappelle celle adoptée, par les mêmes, fin octobre – début novembre derniers lorsque le président gabonais était hospitalisé.

Que les réseaux sociaux relaient de telles spéculations, passe encore. Après tout, désinformer semble désormais être leur vocation. Mais que les médias, les vrais, se livrent eux aussi au petit jeu de la propagation des rumeurs, c’est plus que désolant. Consternant. Et ceux-ci ne sont pas tous gabonais. Certains médias internationaux tombent eux aussi dans le panneau. Ainsi, en va-t-il de l’AFP qui s’est particulièrement démarquée sur ce plan ces derniers mois (lire à ce sujet la dernière dépêche sur le Gabon).

On ne le répétera jamais assez. Mais être journaliste, c’est aller chercher des informations, des vraies, constituées par des éléments matériels ou bien des sources vérifiées (idéalement, trois) et recoupées. Ensuite, il faut tamiser l’information, la trier. Bref, informer, ça n’est pas supputer et encore moins spéculer : et si… et peut-être que… Voire pire, affirmer sans certitude.

C’est cette pente, hélas, qu’on pris ces derniers mois certains médias. Pour faire le buzz, ou encore du clic (pour les médias online). Mais le plus souvent, il faut le dire, par engagement politique. La plupart de ces médias ne sont en effet pas neutre mais engagés aux côtés de l’opposition. Il s’agit de média d’opinion qui relaie une vision subjective de l’actualité. Ils en ont le droit bien sûr mais encore qu’ils en avertissent leurs lecteurs…

Un dernier point avant d’en terminer : à nos confrères qui se reconnaîtront à la lecture de cet éditorial, nous saurons trop leur conseiller de scruter attentivement dans les tout prochains jours l’actualité et de relire ensuite, à tête reposée, les papiers qu’ils ont publiés récemment. Ils pourront alors mesurer l’écart, pour ne pas dire le gouffre, qui sépare en journalisme supputation et information.