[Editorial] Ces cyber-activistes gabonais qui s’improvisent experts ès Covid-19

En ces temps de pandémie mondiale liée au Covid-19, de nombreux activistes gabonais s'improvisent expert en médecine ou épidémiologie © DR

Ils sont connus pour leur opposition, parfois caricaturale, au président Ali Bongo Ondimba. Même en cette période de crise sanitaire mondiale qui impose une forme de décence et un sens exacerbé de la responsabilité, ils ne peuvent s’empêcher de critiquer, quand bien même ils ne disposent d’aucune qualification ni d’aucune expertise en matière médicale ou épidémiologique. 

Ils sont connus pour être des Cassandres, voire des Prophètes de l’Apocalypse, prédisant – ou plutôt espérant – toujours le pire. A leurs yeux, tout ce qui émane des autorités gabonaises, à commencer par le chef de l’Etat, est à rejeter en bloc.

Ils font feux de tout bois, autrement dit de toute actualité pour mener leur combat partisan, pour ne pas dire politicien. Quitte à reléguer l’intérêt général au rang d’accessoire.

Si le plus souvent, cette attitude critique, unilatérale et systématique, peut prêter à sourire (« tout ce qui est excessif est insignifiant », disait Talleyrand), en cette circonstance particulièrement tragique, elle témoigne davantage d’une irresponsabilité, voire d’une forme d’inconscience, de la part de ceux qui s’y livrent.

Leur objectif : créer la psychose

Plutôt que de relayer les messages de protection à l’attention des populations, ces cyber-activistes, dont la plupart vivent en France et non au Gabon et dont le militantisme se borne le plus souvent à quelques posts Facebook et tweets journaliers, se sont illustrés ces derniers jours par leur critique systématique et sans nuances des mesures prises par les autorités gabonaises pour ralentir la circulation du Covid-19 au seul motif, en réalité, qu’elles ont été arbitrées par… le président Ali Bongo Ondimba.

L’effet recherché, consciemment (ou inconsciemment) : créer la panique, la psychose parmi la population en leur envoyant le message qu’elle ne serait pas correctement protégée. Bref, le rêve chimérique du grand soir qui verrait celle-ci se soulever comme un seul homme pour renverser le régime en place.

Et peu importe si ces cyber-activistes n’ont aucune expertise en matière médicale et épidémiologique. Seul compte pour eux le combat politique, pardon politicien.

Faux experts, vrais charlatans

Dans cette catégorie, on retrouve quelques figures bien connues des internautes gabonais, à l’instar de Marc Ona Essangui (« Le gouvernement intensifie la lutte contre COVID 19 en prenant des mesures inadaptées. Comment les populations peuvent respecter les conditions hygiéniques si l’eau potable devient une denrée rare pour 75% de la population ? », tweet du 19 mars), de Laurence Ndong (« Discours creux du Président Ali Bongo Ondimba lu très difficilement, aucune mesure d’accompagnement pour les populations ! Elles sont une fois de plus livrées à elle-même. Aucun plan gouvernemental de gestion de la crise n’a été annoncé », tweet du 20 mars) ou encore de Mays Mouissi (« Vous avez le droit de circuler avec votre coronavirus dans tout le pays mais attention pas entre 19h30 et 6h du matin sinon vous serez durement réprimé. Incroyable. Incohérent. Un discours à la nation pour ça ? », tweet du 21 mars).

A ces faux-experts ès Covid-19 mais vrais charlatans (vocable qui ressort du registre médical), on ne saurait trop conseiller de méditer cette phrase de l’écrivain allemand Ernst Jünger : « Chaque remarque de polémique que l’on garde pour soi est un mérite que l’on s’acquiert. »