Discours du 17 août : Ali Bongo étrille les « professionnels de la contestation »

Ali Bongo Ondimba a prononcé un discours très offensif à la veille de la fête nationale du 17 août au Gabon @ DR

Dans un discours d’une rare franchise prononcé à la veille de la fête nationale, Ali Bongo Ondimba a fustigé ceux qui, selon lui, bloquent les réformes pour défendre leurs intérêts corporatistes.

Ils en ont pris pour leur grade. « Ils », ce sont les syndicats, mais aussi certaines catégories de fonctionnaires qui, de l’avis d’une majorité de Gabonais, ont « la gréve facile ». Dans son discours prononcé hier soir à l’occasion de la fête nationale, le président gabonais, très offensif, les a littéralement étrillés.  

Évoquant la mesure de mise sous bons de caisse des fonctionnaires ou encore l’introduction de fiches de présence au sein des administrations, deux mesures destinées à s’assurer que les fonctionnaires qui perçoivent une rémunération ne sont pas des fonctionnaires fictifs, ce qui pourrait être le cas de 10 à 20 % du total des agents publics au Gabon, Ali Bongo a vivement interpellé certaines catégories de fonctionnaires. En particulier, ceux qui ont bénéficié d’une augmentation de près de 30 % de leur rémunération pas plus tard qu’en 2015.

Certaines catégories de fonctionnaires et leurs syndicats pointés du doigt

Ce fut le cas notamment des médecins. « Pourquoi font-ils grève ? », s’est interrogé le président. « Pour l’amélioration du service au sein de l’hôpital ? pour une meilleure prise en charge des patients ? Est-ce pour les Gabonais qu’ils bloquent le fonctionnement de l’hôpital ou pour leurs intérêts ? Est-ce pour les gabonais que certains médecins détournent le matériel et les médicaments pour les revendre au prix fort dans les cliniques privées ? », a ironisé Ali Bongo Ondimba.

Idem pour les magistrats. « Observe-t-on une plus grande célérité dans le traitement des dossiers des justiciables depuis qu’eux aussi ont bénéficié d’une revalorisation salariale ? Ne nous voilons pas la face. Chacun, en réalité, connait la réponse », a répondu le président gabonais.

D’une manière générale, ces critiques s’adressent à certains syndicats qui tentent depuis des années de bloquer toute réforme, dont certaines sont pourtant impératives pour le bon fonctionnement du pays.

« Ceux qui se posent aujourd’hui en victime ou, mieux, en défenseurs du service public en sont en réalité les bourreaux. Ceux-là voudraient que rien ne change car, pensent-ils, il n’en va pas de leurs intérêts. Mais l’intérêt général, l’intérêt des Gabonaises et des Gabonais, s’en soucient-ils ? Les Gabonais doivent se lever contre cela, contre ses réflexes corporatistes qui les privent d’une vie quotidienne normale et d’un meilleur avenir », a martelé Ali Bongo Ondimba ajoutant que « ces blocages, signes d’un conservatisme, fussent-ils le fait d’une minorité, sont d’autant plus injustifiables qu’ils visent, d’une part, à défendre les intérêts de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. »

S’opposer pour s’opposer ne mène nulle part. Il faut d’abord et avant tout proposer, a indiqué Ali Bongo Ondimba 

Avant de conclure dans un ton très déterminé un discours qui, parfois, a pu prendre un tour martial, le président gabonais a lancé cet avertissement aux syndicats, dont Dynamique Unitaire de Jean-Rémy Yama, et à une partie de l’opposition qui serait tentée d’utiliser le mouvement social pour bloquer le pays.

« Nous irons jusqu’au bout de notre réforme, quand bien même une infime minorité tente d’en perturber la mise en œuvre. Ces professionnels de la contestation se reconnaîtront. A ceux-là, je voudrais dire que la démocratie, ça n’est pas la rue, la démocratie, c’est le dialogue, y compris le dialogue social. Que ceux qui contestent fassent assaut de meilleures propositions pour améliorer et réformer, qu’ils soient réellement les agents de changement qu’ils prétendent être et ils nous trouveront à leurs côtés pour faire avancer le pays », a affirmé le président gabonais.

Une façon sans doute de signifier à une partie du mouvement syndical et à la frange la plus radicale de l’opposition que s’opposer pour s’opposer ne mène nulle part. Il faut d’abord et avant tout proposer.