Discours du 17 août : Ali Bongo annonce une vaste réforme du secteur de l’éducation au Gabon

Ali Bongo Ondimba lors de son discours prononcé à la télévision à la veille de la fête nationale du 17 août au Gabon @ DR

Dans un discours d’une rare franchise prononcé à la veille de la fête nationale, Ali Bongo Ondimba a annoncé une réforme d’une ampleur inédite du secteur de l’éducation au Gabon. 

Un discours très concret, sans langue de bois et résolument tourné vers les réformes. C’est ainsi que l’on peut résumer le discours du président gabonais prononcé ce soir, à la veille de la fête nationale du 17 août au Gabon, et retransmis à la télévision.

« Au Gabon, l’éducation, je n’ai pas peur de le dire, est sinistrée », a  reconnu sans détours le chef de l’Etat gabonais. Il en veut pour preuve l’absence de mention très bien ou même de mention bien au baccalauréat cette année, soulignant qu’en 2018, les résultats à cet examen étaient « à peine moins catastrophiques que ceux de 2017. » 

A cette occasion, le président gabonais a sévèrement taclé le système actuel des bourses. « Des sommes considérables y ont été investies avec des résultats plus que médiocres au fil des années. Rendez-vous compte, c’est plus de 600 milliards de FCFA qui ont été dépensé entre 2012 et 2018 au profit de 700 000 Gabonais et pour quels résultats ? », s’est-il offusqué, rappelant que le Gabon était l’un des pays en Afrique qui dépensait le plus pour ses étudiants boursiers.

Renforcer l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins sur le marché de l’emploi

Sans compter, a-t-il ajouté, que ce manque d’efficacité sur le plan académique se double d’un problème en matière d’orientation. « 70 % des bourses sont octroyées dans des filières littéraires ou dans les humanités alors que nous avons davantage besoin de former dans les filières techniques, professionnelles ou scientifiques pour renforcer l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins sur le marché de l’emploi », a indiqué Ali Bongo Ondimba.

Rabrouant les enseignants toujours prompts « à faire grève pour revendiquer des augmentations de salaires plutôt que de se soucier de l’avenir de nos enfants », le président gabonais a appelé à une remise à plat total du système éducatif gabonais. « Des mesures fortes et immédiates seront prises ! », a-t-il assuré.

S’il a indiqué qu’une réforme des conditions d’obtention de la bourse sur la base de critères sociaux et académiques, autrement dit au mérite, sera menée, le mouvement réformateur sera beaucoup plus vaste et aura pour objectif de « remettre le secteur de l’éducation à flot du primaire au supérieur, de créer un lien entre le système éducatif et monde de l’entreprise et de revaloriser les filières professionnels et techniques. »

« On est plus dans l’ordre du conjoncturel mais dans le structurel »

Pour mener à bien cette réforme, Ali Bongo compte faire appel à une méthode éprouvée : la mise en place dans les tout prochains jours d’une task force sur le modèle de celle mise sur pied en mai dernier pour porter sur les fonds baptismaux la réforme des finances publiques.

« Après s’être attaqué à la réforme de l’Etat et des comptes publics, le président gabonais s’attelle à moderniser l’un des secteurs les plus prioritaires pour les Gabonais », explique un professeur d’économie de l’Université Omar Bongo (UOB). « On est plus dans l’ordre du conjoncturel mais dans le structurel. Par le passé, l’Exécutif a pu donner l’impression de feindre de réformer. Mais là, il semblerait que ce ne soit plus le cas. On rentre enfin dans le dur. Il était temps car notre pays, dans certains domaines, a davantage besoin d’une révolution que d’évolutions », fait observer cet économiste, réputé pourtant proche de l’opposition.