Des centres d’accueil pour les femmes victimes de violences bientôt dans toutes les provinces du Gabon, annonce Rose Christiane Ossouka Raponda

Le premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda dans son bureau © DR

Le premier ministre gabonais a pris une part active dans l’édification du premier Centre Gabon Egalité. Elle était d’ailleurs présente lors de son inauguration, jeudi 24 novembre à Nzeng Ayong, dans le 6ème arrondissement de Libreville, aux côtés du président Ali Bongo Ondimba et de la première dame Sylvia Bongo Ondimba, qui en est à l’initiative. Ce lundi, elle a accordé une interview à nos confrères de L’Union. Nous la reproduisons dans sa version in extenso.

L’Union : Quelles sont les capacités d’accueil du Centre Gabon Egalité ? Quel personnel est chargé de sa gestion, le dispositif général, ainsi que les structures et institutions partenaires pour la prise en charge des victimes ?

Rose Christiane Ossouka Raponda : Doté d’une capacité de 154 lits pour 90 femmes et leurs enfants, le Centre d’Accueil Gabon Egalité est placé sous la double tutelle du Ministère de la Santé et des Affaires sociales, ainsi que celui de la Justice, Garde Sceaux et chargé de l’Egalité des Genres. Le Ministère de l’Intérieur intervient également à leurs côtés.

Le Centre a quatre vocations principales. Il est d’abord un lieu d’écoute pour les personnes victimes de violences.

Il est ensuite un lieu d’accueil qui offre un hébergement d’urgence, d’une durée de dix jours maximum pour les personnes en danger et un hébergement d’une durée de six mois maximum pour les personnes en réinsertion.

Avec la clinique juridique organisée par les agents des Forces de Police Nationale (Ministère de l’Intérieur) et les personnels du Ministère de la Justice, il propose aux victimes un soutien multiforme, lors du dépôt des plaintes, et les accompagne aussi dans la préparation de leurs projets de vie. C’est sa troisième mission.

Enfin, le Centre prépare les femmes à leur réinsertion dans la société, à travers un programme de formation, conduit en collaboration avec la société civile et des organisations internationales. Ce qui leur permet de participer à des activités génératrices de revenus et de bénéficier d’un suivi post-formation.

Libreville a donc son centre et répond, en partie, au problème de violences. Mais, le Gabon ne se limite pas à sa capitale. Qu’est ce qui est prévu pour les autres provinces ?

Je dois d’abord dire que le Président de la République a toujours veillé à ce que toutes les provinces du Gabon reçoivent la même attention et le même traitement. Toutes doivent donc bénéficier des mêmes services, des mêmes commodités. C’est tout le sens de l’unité, de la cohésion et de l’équité, prônées par le Chef de l’Etat.

C’est pourquoi, le programme Gabon Egalité s’étend à toutes les provinces. A cet effet, le Gouvernement y a déjà planifié la création de centres d’accueil similaires à celui de Libreville. Car, vous convenez bien que les personnes victimes de violences résident aussi bien à Libreville que dans d’autres localités du pays.

Je souligne aussi que le programme Gabon Egalité s’inscrit dans la durée et sa mise en œuvre se fait progressivement. Cela permet au Gouvernement d’évaluer l’impact des projets pilotes, et, le cas échéant, de faire les ajustements ou les corrections nécessaires, avant de passer à l’échelle nationale.

L’entretien des édifices publics est trop souvent un problème. Comment
faire en sorte que le Centre qui est indéniablement une réponse aux cas
de violences, soit pérenne ?

Vous avez parfaitement raison. Il faut entretenir les édifices publics afin de les conserver dans un état de fonctionnement optimal et satisfaisant, pour toujours garantir leur solidité et leur durée de vie. C’est là un impératif.

Pour ce faire, le Centre d’Accueil Gabon Egalité dispose déjà de crédits budgétaires. Et, il est également doté de moyens humains et techniques nécessaires à la réalisation opérationnelle de ses missions.

Le Chef de l’Etat a signé en 2021 le décret portant création d’un Observatoire National des Droits de la Femme (ONDF). Un organe en charge du suivi des indicateurs, de la communication et de la lutte contre les violences à l’égard des femmes au Gabon. Où en est-on ? Par ailleurs, quel est le rôle de cet Observatoire ?

Effectivement, l’Observatoire National des Droits de la Femme a été créé, en septembre 2021, par un décret du Président de la République, Chef de l’État.

Pour rappel, l’Observatoire a trois missions principales que sont la production de données sur le genre au Gabon, le suivi de la position du Gabon à l’international et du programme Gabon égalité, la recherche et partenariats.

L’Observatoire se met en place progressivement. Le bâtiment abritant ses locaux a été réceptionné et les équipements nécessaires à son fonctionnement sont installés. La procédure de recrutement des personnels est en cours de finalisation.

Toutefois, le travail a déjà commencé. Une équipe intérimaire procède actuellement à la collecte des données sur la situation des inégalités femmes-hommes. Elle travaille également sur le suivi des premiers impacts de la mise en œuvre du programme Gabon égalité, et, à la rédaction du premier rapport annuel sur la situation du droit des femmes au Gabon.

La campagne 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes (25 novembre – 10 décembre 2022) s’est ouverte. Au Gabon, la campagne semble encore peu intense. Une meilleure stratégie de communication est-elle envisagée ?

Gabon Egalité a lancé une grande campagne de sensibilisation contre les violences faites aux femmes, pour rappeler que nous sommes tous concernés, tous mobilisés et tous déterminés à agir contre les violences.

A cette occasion, le Gouvernement entend valoriser les personnes qui aident et accueillent les victimes, pour mieux témoigner de l’existence de relais d’urgence opérationnels, mis à la disposition des populations par l’Etat, en matières judiciaire et médical.

Cette campagne vise aussi à sensibiliser sur l’importance du devoir citoyen, notamment celui d’apporter l’aide et le secours à une victime qui peut se trouver en situation d’urgence vitale.

Cette campagne est très importante. Le Gouvernement prendra donc toutes les dispositions utiles en vue de sa réussite, en y associant tous les acteurs impliqués et engagés dans la lutte contre les violences faites aux femmes.