Demande de visa rejetée pour une journaliste de Libération : « Une décision justifiée à plus d’un titre », explique-t-on du côté gabonais

Le journal français Libération pas exempt de tout reproche s'agissant du Gabon © DR

La journaliste du quotidien français Libération, Maria Malagardis, s’est vue refuser sa demande de visa. Elle escomptait se rendre au Gabon à l’occasion du One Planet Summit qui aura lieu les 1er et 2 mars prochain. 

« C’est une décision justifiée à plus d’un titre », explique une source au sein de la diplomatie gabonaise. « Le journal Libération n’est pas un journal d’information. C’est un journal d’opinion. Il est libre de tenir les propos qu’il souhaite dans les limites permises par la loi. ».

« Mais », poursuit aussitôt cette source, « le Gabon est un Etat souverain. Il est, symétriquement, libre d’accueillir ou non qui il souhaite sur son sol. La liberté vaut dans les deux sens, pour les uns comme pour les autres », fait observer ce diplomate qui rappelle que « nulle part dans le monde, dans aucun pays, demander un visa signifie qu’on vous l’accordera. »

Et d’insister : « Libération ne publie que des articles à charge sur le Gabon. Cela correspond à sa ligne éditoriale. Encore une fois, libre à lui de le faire. Mais Souffrez que le Gabon jouisse, en tant qu’Etat, de la même liberté en choisissant qui entre ou pas sur son territoire. Ça paraît être le minimum ». 

La France aurait fait la même chose

Une autre source prend, elle, moins de gants pour le dire. « Quand quelqu’un vous crache matin, midi et soir à la figure, vous n’êtes pas obligé de lui ouvrir votre porte et de le laisser entrer ».

Et de faire observer que, dans le même cas, la France aurait pris la même décision. « Si ma mémoire est bonne, les autorités françaises sont même allées jusqu’à interdire de diffusion sur son sol un média (RT France en 2022 après le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, NDLR) parce que sa ligne éditoriale ne correspondait pas à ses vues » rappelle-t-il. « Or », fait-il remarquer, « ce qui est légitime en France devrait aussi l’être au Gabon. Sauf à penser bien sûr que vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà », ironise-t-il, en citant un proverbe français.

Pour ce responsable de la société civile gabonaise actif dans le domaine de l’environnement, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel à l’occasion du One Planet Summit. « On sait que certains journalistes sont là pour parler de politique intérieure. Aussi, disons-le, pour faire du sensationnalisme, du buzz. Mais (…) chaque chose en son temps. Le temps des élections viendra. Ce qui importe aujourd’hui, c’est de parler de la forêt et de la manière dont on doit la protéger. Tout le reste, c’est de la pollution », avertit-il, dans un art consommé de la formule.

Le spectre du forum à 2,3 milliards de FCFA (3,5 millions d’euros)

Un point de vue partagé par ce responsable de l’organisation du One Planet Summit. « J’ajouterais que, quand on veut donner des leçons, il faut veiller à être soi-même irréprochable », tacle-t-il. « Or, je ne suis pas sûr que Libération l’a toujours été, en particulier s’agissant du Gabon », dit-il dans un sourire entendu.

En 2015, le Groupe Libération avait organisé un forum au Gabon. Il avait alors empoché la coquette somme de 2,3 milliards de francs CFA (3,5 millions d’euros). « Malgré les cris d’Orfraie poussés par certains au sein de la rédaction du journal, cet argent n’a jamais été restitué que je sache. Afficher de beaux sentiments quand ça ne coûte pas cher, ça ne vaut pas grand chose », cingle-t-il, appelant chacun à ne pas avoir la mémoire courte.