Décision de la CPI : pas une priorité pour les Gabonais

Fatou Bensouda, le procureur de la CPI, n'ouvrira pas d'enquête sur les événements post-électoraux de 2016 au Gabon © DR

Le gouvernement gabonais a dit prendre acte de la décision de la CPI de ne pas ouvrir d’enquête, faute d’éléments suffisants, sur les événements post-électoraux de 2016. Une décision qui laisse les Gabonais largement indifférents.

Au lendemain de l’annonce par le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, de ne pas ouvrir d’enquête suite aux événements post-électoraux de 2016, le gouvernement par la voix de son porte-parole, a dit se réjouir d’une telle décision.

Pour les autorités gabonaises, il s’agit sans conteste d’une bonne nouvelle. Dans les rangs de l’opposition en revanche, c’est la soupe à la grimace. Pour Jean Ping, qui en avait fait son principal cheval de bataille, le coup est rude. Marc Ona Essangui, l’un de ses proches, a tenté aujourd’hui via un communiqué de minorer l’importance de cette décision. Mais son propos, très alambiqué, aura semble-t-il beaucoup de mal à convaincre.

Il reste que les autorités gabonaises ont toutefois le triomphe modeste. Pour deux raisons au moins. D’une part, la décision de la CPI était attendu au vu du dossier, largement vide. D’autre part, pour les Gabonais, cette affaire est loin, très loin de leur priorité. Il suffisait de se promener ce matin dans les rues de Libreville et de tendre son micro pour s’en convaincre.

« Vous savez, ce qui s’est passé en 2016, cela intéresse quelques politiciens et les médias internationaux »

« C’est triste pour les quelques familles qui ont été éprouvées à l’époque. Mais il faut dire la vérité. Pour nous, les Gabonais, 2016, c’est loin derrière. Nous nous intéressons à ce qui se passe aujourd’hui et demain. Et nos priorités, ça n’est pas la décision d’un tribunal international, c’est de manger, de travailler, d’éduquer nos enfants, de nous soigner, etc. » Un point de vue quasi-unanimement partagé dans les rues de la capitale gabonaise.

Marcellin, un enseignant de 42 ans, est également de cet avis. Ce sujet n’est pas pour lui une priorité. « Nous autres Gabonais, nous voulons savoir ce que le gouvernement va faire pour nous en matière d’emploi, d’éducation, de santé, de logement, etc. Vous savez, ce qui s’est passé en 2016, cela intéresse quelques politiciens et les médias internationaux. Mais pour les gens qui vivent ici, ça n’est pas la priorité. »

2016, c’était il y a deux ans mais cela fait longtemps que les Gabonais, qui ont le souci du quotidien, sont passés à autre chose.