Décision de la CPI sur le Gabon : gênée, l’opposition tente de sauver les apparences

Jean Ping, le leader de la CNR, a vu s'envoler ce vendredi avec la décision de la CPI l'un de ses derniers espoirs de revanche © DR

Depuis l’annonce de la décision de la Cour Pénale Internationale de ne pas ouvrir de procédure judiciaire suite aux événements post-électoraux de 2016, l’opposition gabonaise tente de faire bonne figure. Mais pour elle qui en avait fait son principal cheval de bataille, le coup est rude. 

Tenter de sauver les apparences. C’est ce que tente de faire l’opposition gabonaise depuis l’annonce, vendredi soir, par le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, qu’elle n’ouvrira pas de procédure judiciaire contre le Gabon suite aux événements post-électoraux de 2016.

Hier, dans un communiqué alambiqué, Marc Ona Essangui, un proche de Jean Ping, a tenté de présenter la décision de la CPI comme une bonne nouvelle, s’attirant les railleries des Gabonais sur les réseaux sociaux. Dans la foulée, l’avocat de Jean Ping, Me Emmanuel Altit, a pris la parole avec la même volonté de sauver les apparences.

Espoir envolé pour Jean Ping

Mais au Gabon, cette rhétorique ne leurre personne. La décision de la CPI n’est clairement pas une bonne nouvelle pour Jean Ping qui voit là s’effondrer son dernier espoir de voir rouvrir l’épisode des élections de 2016. « Jean Ping a perdu son principal cheval de bataille contre le pouvoir. Il lui sera de plus en plus difficile de mener campagne sur le thème de l’illégitimité des autorités en place car il n’est plus audible à l’international et au Gabon, ça n’est pas ce que les gens attendent de lui. Il va devoir revenir sur le terrain des idées où il a pris beaucoup de retard sur ce plan depuis deux ans car il a semblé obnubilé par sa volonté de revanche suite au dernier scrutin présidentiel », explique un politologue basé à Port-Gentil.

Un sujet qui n’intéresse réellement que la diaspora et les médias français

Le fait est que les Gabonais, contrairement au leader de la Coalition pour la Nouvelle République, ont depuis longtemps tourné la page des élections de 2016. « Leurs priorités sont ailleurs. Ce qu’attendent les Gabonais de leurs femmes et hommes politiques, majorité et opposition confondues, ce sont des propositions en matière d’emploi, d’éducation, de santé, de pouvoir d’achat, etc. Le sujet des élections de 2016 ne les intéresse pas. En réalité, il n’y a guère plus que la diaspora sur les réseaux sociaux et les médias français comme l’AFP pour en parler. Ici, les gens ne se sentent que très peu concernés », indique notre politologue.