Dans le contentieux l’opposant à Santullo, le Gabon remporte une manche décisive

Le siège de la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce international de Paris © DR

Mardi 19 novembre, la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce international de Paris (CCI) a décidé que l’État gabonais ne devrait verser que 90 milliards de francs CFA au groupe de BTP Santullo. Une victoire pour le Gabon qui se voyait réclamer le quadruple de la somme. Mais le pays ne semble pas s’en contenter. Il entend manifestement faire appel de cette décision.

Pour le Groupement Santullo qui réclamait l’apurement d’une dette qu’il estimait à environ 328 milliards de francs CFA, c’est un revers. Seuls 27 % de cette somme lui a été concédé. Et encore, la décision de la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce international de Paris est-elle susceptible d’appel.

Pour rappel, Libreville accuse le groupement de crimes financiers et entend obtenir réparation. D’où son refus constant de payer les sommes réclamées par Santullo qui l’accuse d’avoir obtenu des contrats en corrompant des fonctionnaires gabonais et de s’être ensuite « adonné en Suisse à des opérations de blanchiment ».

Sûr de son bon droit dans cette affaire, les autorités gabonaises semblent déterminées à aller jusqu’au bout. « Nous ferons probablement appel car nous espérons faire annuler complètement les demandes de Santullo au regard des soupçons de corruption », a confié une source proche du dossier au sein de l’administration gabonaise à nos confrères de Jeune Afrique, en attendant une éventuelle communication officielle.

Au-delà du contentieux commercial devant la CCI Paris, le Gabon a intenté un procès au groupe Santullo devant les juridictions pénales en Suisse et en France sur les chefs de « corruption active et passive d’agents dépositaires de l’autorité publique » et de « blanchiment d’argent ».

Hémistiche

« Les révélations de l’opération “Mamba”, diligentée par le Président de la République, avaient fait la lumière sur un scandale financier impliquant des hauts cadres de l’administration publique. Les faits d’une extrême gravité reprochés à Magloire Ngambia, Landry Patrick Oyaya ou encore Gilles Rodrigue Bongo (cousin de Magloire Ngambia) avaient amené à la condamnation en première instance de ce dernier par le tribunal de Libreville pour corruption passive », rappellent nos confrères de Médias 241, solidement informés sur ce dossier (lire l’article).

« En finir une fois pour toute avec la corruption »

« Nous ne sommes qu’à l’hémistiche de cette affaire », a déclaré l’un des avocats de l’Etat gabonais. « Nous irons jusqu’au bout », a-t-il prévenu. Et pour cause, depuis son retour définitif au Gabon en mars dernier, le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités. « Il est capital pour notre nation d’en finir une fois pour toute avec la corruption qui gangrène nos institutions, il est capital d’en finir avec la mauvaise gestion, la mauvaise gouvernance », avait-il martelé dans son discours du 8 juin dernier.

Quelques jours plus tard, pour la première fois de son Histoire, le gouvernement gabonais comptait en son sein un ministre de la Promotion de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et de l’évaluation des politiques publiques, en la personne de Francis Nkea Ndzigue, les membres du gouvernement ont dû se conformer à l’obligation de déclaration de leur patrimoine et l’opération « Mamba » (mains propres) semble avoir été réactivée à travers l’opération « Scorpion » en cours.