Covid-19 : « Ceux qui aujourd’hui appellent à une levée précipitée des mesures barrières font preuve d’irresponsabilité » (OMS)

Le directeur général de l'OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus © DR

Face à la reprise brutale de l’épidémie, l’OMS ne cesse d’appeler à la plus grande prudence et à tout faire pour freiner la circulation du virus. Un message qui raisonne de façon particulière au Gabon. 

« Ceux qui aujourd’hui appellent à une levée précipitée des mesures barrières font preuve d’irresponsabilité », a déclaré cette semaine l’un des adjoints du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Des propos qui rencontrent un écho particulier au Gabon. Jusqu’à présent, les autorités y sont parvenues à juguler l’épidémie avec à peine plus de 300 cas actifs, positifs au Covid-19.

Cette situation sanitaire favorable est à l’origine de multiples revendications allant dans le sens d’une levée plus rapide des mesures de protection sanitaire. C’est le cas notamment de l’archevêque de Libreville qui, en contravention des consignes du Vatican, ne souhaite pas attendre quelques jours encore pour ouvrir les églises (lire notre article).

Instrumentalisation politicienne

Une brèche dans laquelle certains, non sans opportunisme, n’ont pas hésité à s’engouffrer. L’opposition gabonaise, très affaiblie et qui ne peut attaquer la majorité sur son bilan – très bon en termes de riposte -, tente aujourd’hui d’instrumentaliser l’impatience de quelques uns pour plaider, avec une bonne dose de populisme, pour une levée précipitée des mesures de protection.

Ce fut le cas de Jean Ping mercredi (lire notre article) ou d’Appel à agir jeudi. « On assiste à une surenchère habituelle chez les politiques qui jouent au jeu du ‘qui sera le meilleur opposant’. Il suffit que l’un d’entre eux prenne la parole, pour que le lendemain un autre fasse de même. Derrière tout ça, il y a en toile de fond la lutte pour le leadership au sein de l’opposition et la place de favori de ce camp à la présidentielle de 2023. On est donc clairement en présence d’une instrumentalisation politicienne », explique un professeur de l’UOB.

« Mais », ajoute-t-il, « Les Gabonais pour autant ne sont pas dupes. Même s’ils souhaitent la levée des restrictions, ils craignent en même temps une reprise de l’épidémie. Ils ont donc conscience que les choses ne peuvent se faire qu’avec prudence et discernement. Dans cette situation, ce qu’ils attendent de leurs dirigeants, c’est qu’ils agissent en hommes d’Etat et non en politiciens cyniques », conclut l’universitaire en résumant l’état d’esprit général qui prévaut dans le pays.