« Coup d’Etat institutionnel », crainte du « statu quo » : les critiques de l’opposition gabonaise suite aux décisions de la Cour Constitutionnelle

Casimir Oye Mba, le vice-président de l’Union Nationale, principal parti de l’opposition au Gabon, accuse la Cour constitutionnelle d’avoir réalisé un coup d’Etat institutionnel suite à sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale le 30 avril dernier. Source : compte Twitter @agueminia.

Au Gabon, passé le soulagement suite aux décisions de la Cour Constitutionnelle du 30 avril qui ont permis d’éviter une crise institutionnelle majeure, l’opposition reprend du poil de la bête. Dans ses rangs, les voix sont de plus en plus nombreuses à s’élever pour critiquer ce qu’elles considèrent comme un « oukaze ». Deux arguments sont mis en avant : la dénonciation d’un « coup d’Etat institutionnel » et la crainte du statu quo exacerbée par la reconduction dans ses fonctions hier du Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet. 

Au Gabon, l’opposition a semblé dans un premier temps sonnée par les décisions de la Cour Constitutionnelle. Elle s’est depuis, semble-t-il, ressaisie. Ainsi, ce jeudi 3 mai, à son siège situé à l’ancienne Sobraga dans le 2ème arrondissement de Libreville, l’Union Nationale, le principal parti d’opposition, a accusé la Cour constitutionnelle d’avoir réalisé un « coup d’Etat institutionnel » en choisissant lundi 30 avril de dissoudre l’Assemblée nationale et d’en transférer les pouvoirs au Sénat.

Pour son vice-président, Casimir Oye Mba, il s’agit d’une décision politique et non juridique, le juge constitutionnel ayant outrepassé ses prérogatives. Le transfert du pouvoir législatif au Sénat et la formation d’un gouvernement responsable devant le seul président n’ont pour objectif que de reporter à nouveau et sine die l’organisation des élections législatives, selon le porte-parole de l’Union Nationale.

Dénonciation d’un coup d’Etat institutionnel

En somme, il y aurait « derrière cette décision, la réalisation par la Cour constitutionnelle d’un véritable coup d’Etat institutionnel au service de la conservation du pouvoir. Un coup d’Etat contre le peuple gabonais, détenteur de la souveraineté nationale, mais désormais privé du droit de désigner ses représentants », selon Casimir Oye Mba.

Au sein de l’opposition dite « radicale », qui ne souhaite pas participer aux élections législatives, le cran est même placé plus loin. On dénonce en effet l’hyper-concentration des pouvoirs entre les mains du Président Ali Bongo et un risque accru de monarchisation.

Crainte du statu quo suite à la reconduction du Premier ministre à son poste

Mais depuis hier, c’est une autre critique qui monte dans les rangs de l’opposition : la crainte du statu quo, exacerbée par la reconduction surprise jeudi 3 mai du Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, pourtant considéré comme le premier responsable de cette mini-crise institutionnelle. « Le coupable est récompensé, on marche sur la tête », résume un responsable de l’opposition qui prédit : « vous verrez, le gouvernement sera lui aussi reconduit. J’en fais le pari. »

Justement, l’annonce de ce nouveau gouvernement devrait intervenir d’ici le lundi 7 mai. Mais les Gabonais qui espéraient un changement suite aux décisions de la Cour Constitutionnelle pourraient bien être déçus. Il est fort à craindre en effet que la montagne (les décisions prises par la Cour Constitutionnelle) n’accouche au final d’une souris (la reconduction du Premier ministre et – possiblement – de son gouvernement).