Coup de tonnerre au Gabon : Le premier ministre rejette avec virulence la quasi-totalité des conclusions de la task force sur la santé

Le premier ministre gabonais Julien Nkoghe Bekalé ce mardi 5 novembre © DR

Julien Nkoghé Békalé n’a pas eu de mots assez durs ce mardi matin contre la task force sur la santé publique dont il venait de clôturer les travaux. Le chef du gouvernement lui a reproché d’avoir produit un « rapport corporatiste », réclamant le paiement de primes aux personnels de médecine pour un montant de 180 milliards de FCFA, alors que cette même task force ne proposait d’affecter que 2 % seulement aux achats de médicaments.

C’est un discours détonnant, loin, très loin des conventions et politesses habituelles qui sied à ce genre d’exercice et parfois proche du réquisitoire, qu’a prononcé Julien Nkoghé Békalé ce mardi matin. Venu conclure les travaux de la task force sur la santé publique qui s’était réuni ces derniers jours durant au Dounia Park, le premier ministre en a rejeté la quasi-totalité des conclusions.

« Vous n’avez pas voulu faire le travail qu’on vous a demandé de faire. Vous avez philosophé, épilogué, des théories jusqu’à sortir 192 milliards de demande sous la protection sociale. Moi j’attendais une proposition allant dans le sens que les CHU de Libreville et d’Owendo  seraient gérés comme le CHU mère et enfant (Jean Ebori, confié aux espagnols). On va confier ça au privé et on va voir comment ça va fonctionner. Et on va contractualiser les médecins qui travaillent dans ces hôpitaux et les infirmières. Celui qui ne veut pas, il part, il va travailler ailleurs, s’il est fonctionnaire on coupe son salaire », a vitupéré M. Nkoghé Bekalé

Poursuivant son propos, le premier ministre a fait mine de s’interroger : « pourquoi malgré tant de milliards de FCFA investis dans la santé, rien ne marche. Les populations ne ressentent rien ? »

Pointant du doigt le fait que 40 % du budget total réclamé par les membres de la task force sur la santé publique concerne le paiement des primes, ristournes et autres avantages à reverser aux médecins et aux auxiliaires de santé alors qu’ils sont par ailleurs fonctionnaires, le chef de gouvernement y voit une « preuve de mauvaise gouvernance des hôpitaux où, par ailleurs, les médicaments manquent cruellement ».

« La récréation est terminée dans le secteur de la santé »

« Nous avons des médecins à l’hôpital général qui sont des médecins fonctionnaires mais qui ne travaillent pas pour le serment d’Hippocrate qu’ils ont prononcé, ils sont dans leurs cliniques privées et ils sont payés à la fin du mois », a-t-il tonné laissant son auditoire pantois.

Le premier ministre a conclu son propos en avertissant que seuls 5 à 10 des recommandations formulées par la task force, celles qui vont dans le sens de l’intérêt général et non de l’intérêt corporatiste de la profession, seront reprises par le gouvernement.

« Ça a assez duré. La récréation est terminée dans le secteur de la santé », a lancé, sévère, le premier ministre en conclusion, laissant son auditoire médusé.