Conseil des ministres : Ali Bongo tourne définitivement la page des années Accrombessi

Maixent Accrombessi, l'ex-directeur de cabinet d'Ali Bongo, intronisé il y a quelques jours grand maître vaudou au Bénin @ DR

A l’occasion du conseil des ministres du vendredi 29 mars, l’ex-tout puissant Directeur de cabinet du chef de l’Etat gabonais a été demis de ses fonctions de Haut-Représentant du président de la République. Au Gabon, une page se tourne.

Enfin. C’est le mot qui revient le plus souvent dans les commentaires ce matin au sujet de Maixent Accrombessi Nkani.

Hier, en conseil des ministres, l’ex-omnipotent directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba a été poliment remercier de ses fonctions de Haut-Représentant du Président de la République. « Monsieur Maixent Accrombessi Nkani, est remis à la disposition de son Administration d’origine », peut-on lire dans le communiqué final sanctionnant le conseil des ministres.

Une décision qui marque la fin d’un long compagnonnage entre M. Accrombessi, comptable de profession, et Ali Bongo Ondimba, débuté alors que ce dernier occupé le poste de ministre de la Défense sous la présidence de feu son père Omar Bongo Ondimba.

En quelques années seulement, Maixent Accrombessi s’était rendu incontournable auprès d’Ali Bongo au point d’être nommé directeur de cabinet lors de l’accession de son protecteur à la présidence de la République en 2009.

En 2016, peu avant la campagne pour l’élection présidentielle, Maixent Accrombessi est victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC). C’est la première étape de son éloignement de la présidence. A son retour, le poste de directeur de cabinet a été pourvu. M. Accrombessi doit se contenter du poste, cependant prestigieux, de Haut représentant personnel du chef de l’Etat, titre partagé avec Pascal Bongo, la sœur aînée du président.

Dans l’esprit des gabonais, Maixent Accrombessi reste le personnage le plus controversé du premier mandat, en partie gâché, d’Ali Bongo (2009-2016). Ses origines béninoises, sa faible fibre patriotique, sa très forte influence dans l’administration de la présidence de la République gabonaise et sa gestion des affaires du pays ont régulièrement été décriés par les Gabonais.

Volonté de lutter contre la corruption

Il y a quelques jours, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux présentant M. Accrombessi en pleine intronisation dans une chefferie traditionnelle béninoise en tant que maître vaudou (voir photo) aurait convaincu le Président de la République de se séparer de son ancien collaborateur préféré. On prête en effet à ce dernier des ambitions politiques dans son pays, à la tête de la mairie d’Abomey, voire au poste de président du Bénin.

Mais pour d’autres, ce sont les scandales de corruption à répétition qui seraient à l’origine du limogeage de M. Accrombessi. Soupçonné dans de nombreuses affaires, mis en examen dans le dossier Marck (du nom de l’équipementier français spécialisé dans le domaine militaire), son nom a été cité cette semaine dans l’enquête menée par des juges français en lien avec l’organisation du forum du quotidien de la gauche française Libération en octobre 2015 à Libreville. En l’espèce, les magistrats soupçonnent diverses malversations financières, dont des faits de corruption.

Une affaire qui a éclaboussé, par contrecoup, le Gabon, contribuant à ternir son image alors que depuis deux ans, la volonté de lutter contre la corruption, si elle n’est pas encore totalement satisfaisante, est bien réelle au plus au niveau (voire notamment les développements de l’opération Mamba, version gabonaise de l’opération Mains propres).

Sans doute l’affaire du Forum de Libération a-t-elle été la goutte d’eau qui a fait débordé le vase. Sans doute a-t-elle scellé le sort de Maixent Accrombessi. Pour le plus grand soulagement des Gabonais. Hier, la page du premier mandat d’Ali Bongo, qui avaient déjà renvoyé en février dernier certains de ses collaborateurs historiques, a probablement été définitivement tournée.