Classé par la France parmi les pays les moins sûrs en Afrique, le Gabon placé « en vigilance renforcée » : « c’est très exagéré », répondent les expatriés

Le Gabon est réputé pour la beauté de ses paysages et de sa faune © DR

Suite au récent enlèvement par des terroristes de deux Français au Bénin, le ministère français des Affaires étrangères a actualisé ses conseils aux voyageurs. Le Gabon est classé parmi les pays les moins sûrs du continent. « L’intégralité de son territoire est en vigilance renforcée ». Un point de vue qui laissent nombre d’expatriés français circonspects. 

Le récent enlèvement et la séquestration de deux Français au Bénin, finalement libérés par les forces spéciales françaises lors d’une opération au Burkina Faso, ont conduit le ministère français des Affaires étrangères à actualiser le Conseil aux voyageurs.

Au Gabon, « le niveau de délinquance et de criminalité est faible, mais tend à augmenter du fait de la situation économique », indique le Quai d’Orsay qui conseille d’ « être vigilant dans certaines zones et d’éviter d’emporter avec soi d’importantes sommes d’argent ». Il est notamment recommandé de « ne pas montrer de signe ostentatoire de richesse » dans les espaces publics.

Le ministère français des Affaires étrangères avertit également sur les risques encourus en matière de cybercriminalité. « Le nombre d’escroqueries bancaires [y] est en hausse », informe les autorités françaises, qui conseille aux voyageurs de « prendre contact avec les banques, afin de vérifier les dispositifs de sécurité concernant les ordres de virement envoyés depuis l’étranger ». Des mises en garde sont également formulées vis-à-vis de la circulation en voiture de nuit (« le comportement imprévisible » des automobilistes requiert « une attention de tous les instants ») ou encore de la consommation de l’Iboga (« plante (…) classée dans la catégorie des stupéfiants »).

Il est enfin recommandé aux voyageurs de « se tenir éloigné de toute manifestation ou rassemblement publics qui peuvent parfois s’accompagner de violences ».

« Avec tout ce qui se passe, je me sens plus en sécurité à Libreville qu’à Paris »

Toutefois, beaucoup, notamment au sein de la communauté française expatriée au Gabon, considère ces précautions, même s’ils disent les comprendre, comme excessives. Ils pointent du doigt le fait qu’aucun enlèvement n’a eu lieu depuis plusieurs années. Par ailleurs, un seul acte de terrorisme a été déploré dernièrement (deux Danois blessés au couteau à Libreville en décembre 2017 par un ressortissant nigérien), ce qui est sans commune mesure avec les événements tragiques à répétition qui se produisent sur le territoire français. « Le risque zéro n’existe pas, nulle part », commente Marc, qui vit à Libreville depuis près de 15 ans, et met en garde contre les conséquences d’une telle « stigmatisation ». « Le Gabon pâtit certainement de sa proximité géographique avec des pays comme le Cameroun ou le Centrafrique, eux beaucoup plus exposés », explique-t-il.

Enfin, beaucoup jugent sur-exagérée les prétendues violences politiques (inexistantes depuis l’épisode très circonscrit de septembre 2016). « Ça n’est en rien comparable avec, par exemple, ce qui se passe en France avec les gilets jaunes depuis plus de six mois », fait observer un chef d’entreprise français implanté de longue date à Port-Gentil qui raille la vision « souvent biaisée » du pays que certains ont « depuis l’extérieur ». « Avec tout ce qui se passe, je me sens plus en sécurité à Libreville qu’à Paris », confie-t-il.