Centrafrique : A une semaine des élections, l’ex-président Bozizé accusé de tentative de coup d’Etat par le gouvernement

L'ex-président centrafricain, François Bozizé © DR

Le gouvernement centrafricain a accusé samedi l’ancien chef de l’État François Bozizé, de vouloir fomenter un « coup d’État ». Des déclarations faites après la fusion de trois principaux groupes armés dans ce pays déchiré depuis 2013 par la guerre civile. 

A une semaine de la date prévue pour les élections présidentielle et législatives, la situation se tend en République centrafricaine.

« François Bozizé se trouve actuellement aux abords de la ville de Bossembele (à 150 km au nord-ouest de la capitale) dans l’intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Ange-Maxime Kazagui.

« Il s’agit manifestement d’une tentative de coup d’État que le gouvernement tient à dénoncer en cette période électorale », a déclaré le porte-parole, faisant allusion aux élections prévues le 27 décembre.

L’ex-chef de l’État François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2003 à la suite d’un coup d’État avant d’être lui-même renversé en 2013 par une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, avait tenté un retour en politique en se déclarant candidat à la présidentielle.

Mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature, estimant que M. Bozizé était sous le coup de sanctions des Nations unies pour son soutien présumé à des groupes armés responsables de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’Humanité ».

Samedi, trois des principaux groupes armés en Centrafrique ont annoncé leur fusion « dans une seule entité, désignée Coalition des patriotes pour le changement (CPC), placée sous commandement unifié ».

Il s’agit du Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC), actif dans le nord, les 3R (Retour réclamation, réhabilitation) un groupe à dominante peul présent dans l’ouest, et des milices anti-balaka réputées favorable à François Bozizé. Autrefois ennemis, des groupes issus de la Séléka et des milices antibalaka ont donc choisi de se coaliser contre le régime du président Faustin-Archange Touadéra.

Les trois groupes concernés ont par ailleurs appelé « tous les autres groupes armés à adhérer » à leur coalition. Ils ont également exhorté leurs membres à « fraterniser » avec les soldats des forces régulières qui désirent les rejoindre, à « respecter scrupuleusement l’intégrité des populations civiles », et à « laisser passer librement les véhicules » des Nations unies et des humanitaires.

Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique, Mankeur Ndiaye, a indiqué samedi dans un tweet que « la Minusca utilisera tous les moyens à sa disposition, y compris des aéronefs pour répondre aux violences commises par les éléments armés du 3R, du MPC et des antibalaka ». Les Casques bleus de la Minusca sont actuellement plus de 11.000 dans le pays.

Vendredi des sources humanitaires et de l’ONU avaient fait état d’une dégradation de la sécurité évoquant une offensive de groupes armés dans plusieurs localités du nord-ouest et du nord du pays, qui contrôleraient aussi les axes routiers menant à Bangui.

Selon Hans de Marie Heungoup, spécialiste de l’Afrique centrale au sein du centre de réflexion International Crisis Group, les menaces de ces groupes doivent être interprétées avec prudence, car dans les faits si les rebelles voulaient descendre sur Bangui, ils auraient déjà incité certaines milices à créer un contexte d’insécurité dans la ville, « comme l’avait fait la Séléka en 2013 », ce qui n’est pas le cas à ce stade.

La Centrafrique, pays de 4,9 millions d’habitants classé parmi les plus pauvres au monde, mais riche en diamants, est déjà contrôlée aux deux tiers par des groupes armés qui commettent des exactions régulières contre les civils.

Elle a été ravagée par la guerre civile après qu’une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé le régime du président François Bozizé en 2013. Les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes antibalaka avaient fait des milliers de morts.

Depuis 2018, la guerre a évolué en un conflit de basse intensité, où les groupes armés se disputent le contrôle des ressources du pays, tout en perpétrant régulièrement des exactions contre les populations civiles.

(Avec AFP)