Avec Gabon nouveau, Mike Jocktane éparpille un peu plus l’opposition « façon puzzle »

Mike Jocktane © DR

Ce proche d’André Mba Obame, qui a claqué la porte de l’Union nationale il y a plus de deux ans, a été élu haut-la-main, lundi 21 octobre, président de « Vision pour le développement futur » (VDF), parti qui a aussitôt été rebaptisé « Gabon nouveau » (GN).

Elle n’en finit plus de s’éparpiller, « façon puzzle » suivant une célèbre réplique d’un grand classique du cinéma, Les tontons flingueurs. L’opposition gabonaise, qui avait réussi l’exploit de se rassembler lors de la présidentielle de 2016, est depuis retombée dans ses travers habituels, son pêché mignon : la dispersion.

Moins de 30 mois après sa démission de l’Union nationale dont il était un des cadres, Mike Jocktane a été élu ce lundi 21 octobre à Libreville, à la faveur de l’assemblée générale extraordinaire de Vision pour le développement futur (VDF), président de ce parti. Son prédécesseur, Lucien Saint Clair Iwangou, n’a pas souhaité briguer à nouveau son poste. Il occupe désormais la place de vice-président du parti.

Première décision de Mike Jocktane : changer la dénomination de la formation dont il a désormais les rênes en main. De « VDF », celle-ci s’appelle désormais « GN » pour « Gabon nouveau », du nom du mouvement politique lancé deux ans plus tôt par Mike Jocktane.

Coup dur pour Zacharie Myboto

Selon ses dires, GN devrait se positionner, non comme un parti d’opposition radicale – il y en a pléthore au Gabon -, mais comme un parti d’opposition dite « responsable et constructive », un créneau occupé notamment par Les Démocrates, la formation de Guy Nzouba-Ndama, la mieux représentée de toute l’opposition à l’Assemblée nationale avec douze députés.

Le départ de Mike Jocktane de l’UN a été un coup dur à l’époque pour Zacharie Myboto qui n’a pu que constater le départ de l’un de ses meilleurs talents. Depuis, sa formation semble irrémédiablement se déliter comme le montre ses mauvais résultats lors des élections générales d’octobre 2018 (l’UN n’a remporté que deux sièges aux législatives) ou encore la guerre de succession larvée à la tête du parti qui oppose Chantal, la propre fille du président Myboto, à l’ambitieux Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi.

Mauvaise nouvelle pour Jean Ping

Il est également une mauvaise nouvelle pour Jean Ping, l’ex-candidat unique de l’opposition lors de la présidentielle de 2016. Vieillissant, inaudible en dépit de ses prises de parole publique régulières, celui-ci ne semble plus en mesure de se présenter lors de la prochaine échéance présidentielle en 2023, tant il est contesté aussi bien par la vieille garde (Guy Nzouba-Ndama, Zacharie Myboto, Alexandre Barro-Chambrier) que par les jeunes loups (Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, Nicolas Nguema ou les activistes Marc Ona Essangui, Franck Ndjimbi, etc.).

Une question brûle donc les lèvres : l’opposition gabonaise ressortira-t-elle renforcée avec l’arrivée de cette nouvelle formation en son sein ? L’avenir le dira. En attendant, elle apparaît plus morcelée et affaiblie que jamais.