Au Gabon, Mgr Iba-Bâ défie le Pape François

L'Archevêque métropolitain de Libreville, Mgr Jean Patrick Iba-Ba (à gauche) défie l'autorité du Pape François © DR

Malgré la décision des autorités gabonaises d’ouvrir dans quelques jours seulement les lieux de culte, malgré les consignes claires et répétées du Saint-Siège à respecter les décisions des autorités politiques gabonaises, l’Archevêque de Libreville a décidé de maintenir toute séance tenante sa décision de rouvrir les églises catholiques. Un véritable défi à l’autorité du Pape François.

C’est un véritable bras de fer que Mgr Jean Patrick Iba-Bâ a décidé de mener non seulement vis-à-vis des autorités gabonaises, mais également de l’autorité pontificale.

Alors que les autorités gabonaises ont annoncé leur décision de rouvrir les lieux de Culte dès le 30 octobre prochain, avec qui plus est une dérogation pour les Chrétiens le dimanche 25 (et pour les musulmans le vendredi 23) et que le Vatican a appelé, à l’image de l’exemple du Pape François en février dernier, de respecter les consignes sanitaires des autorités politiques, l’Archevêque de Libreville a maintenu sa décision unilatérale de rouvrir sans plus attendre les églises au Gabon (lire notre article).

« Il s’agit désormais d’une affaire interne au sein de l’Eglise catholique. Manifestement, Mgr Jean Patrick Iba-Bâ ne respecte pas les règles de son institution », commente une source proche du dossier.

Au Vatican, l’affaire est jugée suffisamment grave pour avoir provoqué la saisine du Nonce apostolique, l’agent diplomatique du Saint-Siège.

Ces dernières heures, des échanges nombreux ont eu lieu entre le Vatican et les autorités gabonaises.

« Le dossier est considéré avec une certaine gravité. L’attitude de l’Archevêque de Libreville contrevient en effet à de multiples règles au sein de l’Eglise », explique une autre source.

Au Vatican, on peine à s’expliquer l’empressement de Mgr Iba-Bâ. « Une décision vient d’être prise par les autorités politiques de l’Etat gabonais. Les Eglises, comme les autres lieux de culte, doivent rouvrir dans quelques jours seulement. Pourquoi ne pas patienter ? », s’étonne en le déplore l’un des adjoints du Nonce apostolique.

Au Vatican, l’attitude de l’Archevêque de Libreville est perçue avec d’autant plus de circonspection que l’on garde à l’esprit le fait que, d’une part, ce sont pour des raisons impérieuses de sécurité sanitaire que les Eglises ont été fermées, pas seulement au Gabon mais à travers le monde et que, d’autre part, de nombreux clusters de personnes contaminées au Covid-19 sont nés de rassemblements religieux.

En outre, les autorités pontificales ont bien conscience qu’une levée trop hâtive des restrictions sanitaires pourraient faire repartir brutalement l’épidémie. C’est ce qui s’est passé en France où, après une quasi-disparition les mois précédents, les cas positifs s’élèvent désormais à 30 000 chaque jour.

La France où, pour rappel, le premier regroupement significatif de cas est né d’un rassemblement évangélique près de Mulhouse dans l’est du pays. C’était en février dernier. On connait la suite. Un précédent qui s’est répété ailleurs et qui devrait probablement donner à réfléchir au Gabon.