Après le naufrage de l’Esther Miracle au Gabon, Alain-Claude Bilie-By-Nze veut nettoyer les écuries d’Augias

Le premier ministre gabonais, Alain-Claude Bilie-By-Nze © Twitter/ACBBN

« Il y a trop de négligence, trop de compromissions, de passe-droits et de petits arrangements. Le secteur des transports est particulièrement concerné, qu’il soit terrestre, maritime ou ferroviaire », a déclaré ce vendredi 17 mars, avec un ton aussi ferme qu’inhabituel, le premier ministre gabonais s’adressant à l’administration des Transports.

C’est un ton inhabituel au Gabon qui s’explique par les circonstances exceptionnelles mais aussi par la personnalité hors-norme de celui qui l’emploie.

Face à toute l’administration du ministère des Transports, une semaine après le naufrage de l’Esther Miracle, Alain-Claude Bilie-By-Nze a exprimé, sans prendre de précaution oratoire, son mécontentement.

« La complaisance, le laxisme, les conflits d’intérêts et l’intérêt personnel sont des maux qui fragilisent notre mission de service public », a déclaré le premier ministre, alors qu’il a annoncé l’érection d’une stèle au lieu de départ du bateau en la mémoire des disparus.

Rappelant que les résultats préliminaires de l’enquête, toujours en cours, sur les circonstances de ce drame, interrogent et démontrent à bien des égards les failles dans la gestion administrative du ministère des Transports, dans les domaines à la fois terrestre, aérien et maritime, le chef du gouvernement a indiqué que « cet évènement malheureux doit servir à tous les gestionnaires des affaires publiques ».

« Trop souvent et pour le déplorer, les actes administratifs et autres agréments ou autorisations sont délivrés sans examen rigoureux ni contrôle des pièces fournies au dossier au mépris de l’intérêt général», a-t-il dénoncé tout en pointant du doigt « le phénomène de corruption » devenu plus que « préoccupant ».

« Ensemble nous devons et nous allons lutter contre ce fléau ! C’est notre responsabilité ! », a assuré le chef du gouvernement. Avant d’avertir, s’appuyant sur le principe de responsabilité contenu dans le Code de déontologie de la Fonction publique : « tout agent public répondra désormais plus que jamais de ses actes devant les juridictions compétentes ».

Ecuries d’Augias

Evoquant spécifiquement le cas de l’Esther Miracle de la compagnie Royal Coast Maritime, M. Bilie-By-Nze, s’est voulu d’une grande fermeté. « Si des failles sont révélées par les résultats de l’enquête au sein de l’administration des Transports dans le cadre de ce naufrage, des sanctions administratives seront prises sans préjudice des sanctions pénales ». «Personne ne sera épargné à tous les niveaux. Personne ! Chacun assumera ses responsabilités», a-t-il prévenu.

Pour preuve, jeudi 16 mars, le ministre des Transports, Brice Paillat, qui exerce la tutelle sur l’administration des Transports, a posé sa démission. C’est d’ailleurs au lendemain de la démission du ministre que le chef du gouvernement a tenu à s’adresser à son administration. « Pour passer des messages mais aussi pour les conforter et montrer qu’il est à leurs côtés », souffle l’un de ses collaborateurs.

Le gouvernement a du pain sur la planche pour nettoyer les écuries d’Augias. Mais Alain-Claude Bilie-By-Nze, qui sait la tâche titanesque, est bien déterminé à le faire, lui qui a décliné en janvier dernier sa feuille de route gouvernementale en 12 points, rappelant les 12 travaux d’Hercule. « Viendra le temps des décisions. Elles seront difficiles pour certaines d’entre elles, mais nous les prendrons, en responsabilité », a-t-il lancé en conclusion.